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    Days Gone, une apocalypse zombie imparfaite mais attachante
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Sorti le 26 avril dernier et développé par Bend Studio durant plus de six ans, "Days Gone" plonge le joueur dans un univers post-apocalyptique en Open World offrant un concentré plutôt réussi, quoique imparfait, de ce qui se fait dans le genre.

    Bend Studio

    Studio jusque-là connu pour avoir essentiellement travaillé sur la série des jeux de tir Syphon Filter pour le compte de Sony et signé en 2012 une somptueuse version de la licence Uncharted sur la console portable PS Vita (Uncharted Golden Abyss), Bend Studio s'est ensuite attelé à changer radicalement d'échelle en s'attaquant au développement d'un titre en Open World, situé dans un univers post-apocalyptique : Day's Gone.

    On imagine que la transition n'a pas dû se faire sans douleur, sous la houlette de John Garvin, le directeur créatif du studio. Car le développement a pris de longues, très longues années. Au point que ce n'est que lors de l'E3 en juin 2016 que fut présenté un Trailer et des premières images de Gameplay. Un peu moins de trois ans plus tard, le 26 avril dernier, le jeu est enfin sorti de sa réserve pour se livrer aux joueurs.

    Sons of Anarchy qui rencontre World War Z qui rencontre Walking Dead qui rencontre Last of us qui...

    Days Gone. Ces jours passés et heureux, et déjà un lointain souvenir pour le héros principal, Deacon St John, Drifter et chasseur de primes errant dans un No Man's Land hors des camps civils, en proie au chaos depuis qu'une pandémie a ravagé la population, transformée en cohortes de créatures zombifiées et ultra agressives. Survivant grâce aux compétences qu'il a acquises avant la catastrophe, alors qu'il roulait pour le Mongrels MC, son club de Bikers hors-la-loi et violents, il compte encore les jours depuis sa séparation dans la panique avec sa femme Sarah, alors que la pandémie éclatait. Deux années à parcourir, aux côtés de son ami et frère d'arme Boozer, les sublimes paysages vallonés de l'Oregon.

    Puisqu'on parle des environnements, autant le dire d'emblée : le travail abattu par les équipes de Bend Studio est à la fois colossal et sublime. Dans cette topographie inspirée du Haut désert du Pacifique Nord-Ouest que le studio connait bien pour y être installé, ce territoire de l'Oregon, découpé en différentes zones, est un bonheur à parcourir.

    Bend Studio

    De l'épaisse forêt montagneuse à la plaine enneigée, en passant par les prairies luxuriantes basculant parfois aussi sec dans un paysage ravagé où l'on trouve des traces éparses de civilisation ou ce qu'il en reste, Days Gone offre un environnement Open World à la fois hypnotique et inquiétant, à la beauté aussi contemplative que mortelle. Mais il y a plus : ses effets météo, absolument fantastiques. Si Red Dead Redemption 2 avait sur ce point placé très haut la barre, ceux de Days Gone n'ont clairement pas à rougir. Entre les éclairs de violents orages déchirant un ciel au coeur de la nuit, ses chutes de neiges abondantes, ses averses parfois aussi denses qu'une purée de pois, transformant les sols en terrains boueux, l'immersion dans l'environnement est un des points forts du titre.

    Au guidon de sa moto qui gagnera au gré de l'aventure de nombreuses et cruciales améliorations (plus grand réservoir à essence, meilleure résistance aux chocs, sacoches plus grandes pour transporter les munitions, etc...), Deacon St John avale l'asphalte tandis que les créatures mutantes et hostiles se jettent régulièrement sur lui. Et ce n'est pas la variété qui manque. Entre les têtards, enfants mutants zombies aimant se regrouper sur les toits adorant s'en prendre au héros lorsqu'il est affaibli, en passant par les grouilleurs, les corbeaux, les brutes mutantes qui possèdent une énorme force de frappe, mais aussi les beuglardes, dont les cris stridents résonnent comme une alarme et rameutent tous les zombies à la ronde, la vie de Deacon ne tient parfois qu'à un fil, surtout au début, lorsque le héros est encore sous-équipé et pas à son potentiel combatif maximum. Pour booster le personnage, il faudra régulièrement lui ajouter des points d'expériences dans un arbre de compétences divisé en trois sections, selon que l'on privilégie le trait survivaliste, le corps-à-corps, ou les armes à distance.

    Au-delà de ce bestiaire post-apocalyptique, c'est en se frottant aux humains -qui ont souvent d'ailleurs perdu toute trace d'humanité- que le périple de Deacon prend aussi son sens. Décomposées en six factions, dont les maraudeurs, les Drifters, la Milice armée, ou encore les Rippers, sorte de secte fanatique composée d'adeptes scarifiés qui vénèrent les mutants, le héros est régulièrement amené à faire le ménage dans leurs rangs dans leurs différents campements aux quatres coins de la (très grande) carte.

    Bend Studio

    Si au gré de l'histoire principale, il sera souvent question de libérer un otage, aller nettoyer tel ou tel camp ou zone infestée par un nid de mutants, ou encore jouer les coursiers pour divers personnages, on reste dans une formule éprouvée à maintes reprises dans des titres concurrents. Du classique donc, ce qui n'empêche pas Day's Gone d'offrir des moments de pure terreur. Ou, en tout cas, des séquences tendues à craquer, incarnées par la chasse aux hordes de zombies. Des zombies particulièrement nombreux, des centaines, se déplacant comme une meute. A charge pour le joueur d'étudier le parcours discrètement, placer des pièges à des endroits clés, et être armé jusqu'aux dents. Parce que le combat est intense, et que la victoire sur ces hordes tout droit échappées d'un World War Z n'est jamais acquise.

    Un sans faute alors ? Pas exactement. La trame principale du jeu, pleine de rebondissements, qui se suit avec un réel plaisir grâce à un personnage principal plutôt charismatique (et au passage très bien incarné et joué par l'acteur Sam Witwer, qui était pour rappel l'apprenti secret de Dark Vador dans Star Wars : le Pouvoir de la Force, en 2008), souffre aussi d'apparaître, dans sa structure narrative, trop décousue et pas toujours habile dans son écriture, en usant parfois de grosses ficelles. Du reste, c'est souvent un problème lié à la nature même des jeux en Open World, à moins d'avoir une science de l'écriture du niveau de Rockstar.

    Day's Gone souffre aussi régulièrement, et là c'est plus problématique, de gros ralentissements, surtout lorsque la météo capricieuse s'en mêle, qui peuvent être vraiment crispants lorsqu'on affronte une horde. Le studio est conscient de cela et a sorti un patch pour tenter de corriger le tir, mais l'amélioration, en tout cas sur une PS4 standard, reste à la marge. Ceux et celles qui sont équipés d'une PS4 Pro feront moins la grimace.

    Loin d'être un ersatz de The Last of us, comme certains le laissent entendre, Day's Gone, certes imparfait, est pourtant capable d'offrir de purs moments de grâce, de contemplation et de terreur, au milieu d'un déchaînement de violence parfois d'une rare brutalité. Un titre très recommandable.

    Ci-dessous, le Story Trailer du jeu...

     

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