De quoi ça parle ?
Février 1927. Après le décès de Marcel Péricourt, sa fille, Madeleine, doit prendre la tête de l'empire financier dont elle est l'héritière. Mais elle a un fils, Paul, qui d'un geste inattendu et tragique va la placer sur le chemin de la ruine et du déclassement. Face à l'adversité des hommes, à la corruption de son milieu et à l'ambition de son entourage, Madeleine devra mettre tout en œuvre pour survivre et reconstruire sa vie. Tâche d'autant plus difficile dans une France qui observe, impuissante, les premières couleurs de l'incendie qui va ravager l'Europe.
Après Au revoir là-haut, la fresque historique imaginée par Pierre Lemaître se poursuit au cinéma, avec Léa Drucker en héroïne. 5 ans ses sont écoulés depuis Albert Dupontel et son adaptation couronnée de succès (2,1 millions d'entrées et 5 César). La suite Couleurs de l'incendie (2ème volet de la saga littéraire) est mise en scène, cette fois-ci, par Clovis Cornillac, réalisateur que Pierre Lemaître a choisi. Une fresque historique très romanesques, laissant la part belle à une vaste galerie de personnages, qui a séduit Clovis Cornillac dans le roman d'origine.
"[Pierre Lemaître] allie une élégance d’écriture et une intelligence qui font que le divertissement sollicite l’esprit du spectateur. C’est comme chez Dumas et Hugo : il s’agit d’une aventure humaine avec quelque chose qui nous dépasse et la trajectoire des personnages est tellement extraordinaire que tout peut leur arriver."
La trajectoire des personnages est tellement extraordinaire que tout peut leur arriver.
Contrairement à Au revoir là-haut qui avait été scénarisé par Albert Dupontel (avec la collaboration de Pierre Lemaître), Couleurs de l'incendie a été écrit et adapté par Pierre Lemaître lui-même. Si le film s'éloigne logiquement du style Dupontel, qui apportait une certaine fantaisie et un souffle cinématographique, Couleurs de l'incendie se veut plus proche du livre d'origine.
"Même si Pierre était l’auteur du roman et qu’il l’avait lui-même adapté, il était toujours ouvert à mes idées et à mes suggestions de changements, souligne Clovis Cornillac. Mieux encore, quand je voulais modifier la narration, j’avais en face de moi un partenaire incroyablement disponible, généreux, qui me disait toujours « C’est ton film » et qui me renvoyait les corrections que je proposais. Jamais il ne s’est opposé à mes choix ou ne s’est mêlé de la mise en scène. Étant lui-même un artiste, il ne m’a pas considéré comme un faiseur servile. C’est comme cela que je travaille, sinon je n’aurais pas pu faire le film. Mais cette attitude de la part d’un auteur est d’une grande élégance."
Une fresque historique qui est aussi... un revenge movie
L'itinéraire de son heroine (Léa Drucker, qui sera successivement dans 3 films en ce mois de novembre : Close, déjà à l'affiche, et bientôt Les femmes du square) rappelle de grands romans mais aussi le genre du revenge movie : "Il y a dans son parcours une dimension initiatique qui fait évidemment penser au Comte de Monte-Cristo ! Madeleine passe de l’injustice à la vengeance et pourtant, je pense qu’elle n’a jamais été aussi heureuse qu’à partir du moment où elle se prend en main, même si cela parait paradoxal. Ce qui lui arrive est terrible, mais elle serait clairement passée à côté de sa vie si elle était restée à la tête de la banque : cette émancipation obligatoire la révèle à elle-même. C’est un personnage magnifique, extrêmement excitant à composer, qui repose sur de petites choses subtiles", indique Clovis Cornillac.
Peut-on parler d'un revenge movie ? "C’est un terme qui me convient parfaitement car sur le plan cinématographique, c’est un genre qui me parle, et je me le disais souvent pendant le tournage", souligne Clovis Cornillac dans le dossier de presse.
"Ce parcours féminin est d’une grande modernité", complète Léa Drucker dans le dossier de presse. Et d'ajouter : "Il fallait ensuite ramener cette trajectoire à soi pour que ces questionnements et ces problématiques deviennent des choses auxquelles on puisse s’identifier. C’est ainsi que le spectateur a envie de suivre ce personnage et va voir comment une femme de cette époque, dans une situation très confortable, bascule brutalement dans la précarité. (...)
La vengeance lui donne une férocité qui lui permet de devenir qui elle est.
Elle est aussi très animée par l’envie et le besoin de se débrouiller par elle-même et d’accompagner son enfant. Mais la vengeance lui donne une férocité qui lui permet de devenir qui elle est. Avant, elle était policée, soumise à tout un schéma de société qu’on lui imposait, à un carcan auquel elle devait se plier. Par la force des choses, cette rage lui donne ce désir de vengeance et cette impulsion d’émancipation. C’est passionnant de jouer un personnage d’une telle ampleur, de cette époque-là, anesthésié par l’argent, dans une ambiance très cotonneuse qui a complètement éteint sa personnalité. Puis, elle découvre qui elle est..."
Autour de Léa Drucker et Clovis Cornillac, Couleurs de l'incendie réunit une vaste distribution : Benoît Poelvoorde, Alice Isaaz, Olivier Gourmet, Fanny Ardant, Jérémy Lopez et Alban Lenoir. Pour mémoire, les deux romans Au revoir là-haut et Couleurs de l'incendie font partie d'une trilogie que vient compléter Miroir de nos peines, publié en janvier 2020 aux éditions Albin Michel.
Couleurs de l'incendie sort au cinéma ce mercredi 9 novembre 2022.