Au milieu des années 1930, c'est la Grande dépression aux Etats-Unis. L'économie est au plus bas et le taux de chômage explose. Le cinéma n'est plus forcément le média à succès qu'il était, et il faut faire revenir les spectateurs en salles.
A la Warner, une idée germe dans la tête du chef du studio Jack Warner : il faut un film d'aventures grand public et grand spectacle et tant qu'à faire, qui soit libre de droits et son choix se porte sur Robin des bois.
Un film qui n'a failli pas se faire
L'idée est d'engager James Cagney pour un film intitulé Les Aventures de Robin des bois. Sauf que l'acteur n'est pas satisfait de son contrat avec la Warner, jugeant qu'il ne touche pas assez d'argent sur les succès qu'il tourne pour le studio, notamment les films de gangsters. Il profite d'une erreur de la Warner, rompt son contrat en 1934, et part tourner en indépendant (il reviendra à la Warner en 1938).
Echaudé par l'incident, Jack Warner abandonne le projet Robin des bois, qui reste dans les cartons pendant trois ans. C'est le producteur Hal B. Wallis qui le premier pense à Errol Flynn pour le remplacer dans cette adaptation de la légende de Robin des bois. Warner est réticent, mais selon la légende, après avoir vu Capitaine Blood et les acrobaties de l'acteur, il est convaincu de tenter l'aventure.
Le réalisateur est viré
La réalisation est confiée à William Keighley et ça tombe bien, car il a dirigé Flynn dans Le Prince et le pauvre l'année précédente. Les deux hommes s'entendent bien et leur collaboration a été un succès, tout est donc réuni pour tenter de reproduire l'exploit. Sauf qu'après avoir reçu les premières images de tournage, le studio trouve que l'action manque sévèrement de "peps".
Errol Flynn sort de ses gonds
Keighley est viré et se retrouve sans travail, remplacé au pied levé par Michael Curtiz, qui avait fait tourner Flynn dans Capitaine Blood puis La Charge de la brigade légère. Sauf que sur le plateau, les deux hommes ne s'entendent pas. Flynn se montre réfractaire aux séances d'entrainement à l'épée et au tempérament colérique de Curtiz, et le réalisateur n'apprécie pas le manque de professionnalisme de l'acteur, qui ne respecte pas l'agenda de tournage et manque les répétitions.
Je vais lui en donner, du réalisme !
Le paroxisme de ces tensions survient lorsque Curtiz, pour ajouter du réalisme, fait enlever les embouts protecteurs des épées et que Flynn est coupé lors du tournage d'une scène de combat. Furieux, Flynn fonce sur son metteur en scène pour l'étrangler en criant : "je vais lui en donner du réalisme !"
Evidemment, les choses se calmeront et le tournage reprendra. Du reste, réunis par le studio pour capitaliser sur le talent physique de Flynn et la véracité de l'action chère à Curtiz, les deux hommes travailleront ensemble à de nombreuses reprises après Robin des bois.
Mais un classique absolu
A cause des multiples retards et du changement de réalisateur en cours de tournage, le film dépasse son budget initial de 33 millions de dollars (ajusté à l'inflation) pour atteindre 41 millions ! Heureusement, Les Aventures de Robin des bois est un immense succès qui engrange 83,8 millions à sa sortie en 1938, pourtant une année compliquée pour le box-office américain. Ce joli succès n'empêchera d'ailleurs pas la Warner d'être déficitaire cette année-là.
Ces nombreux soucis n'ôteront pas au produit fini sa qualité incontestable qui en fait l'un des plus grands films d'aventures jamais tourné, avec un Errol Flynn réalisant lui-même toutes ses cascades et une adaptation si marquante de Robin de bois qu'elle sera référencée dans des parodies comme Sacré Robin des bois (1993) ou des revisites du mythe comme Robin des bois, prince des voleurs (1991).