"Yes I Cannes !" Journal d'une festivalière - Page 7

Depuis que j'ai quelque chose comme 12 ans, l'un de mes objectifs de vie est de rencontrer Brad Pitt. Je me plais très souvent à rappeler que j'ai été la première à voir en lui une espèce de divinité grecque en même temps qu'un acteur de génie. Pour tout vous dire, il a même été l'un des moteurs de ma cinéphilie (qui je vous le rassure s'est depuis élargie). Bref, pardon pour ce résumé de ma vie, l'idée était juste de souligner l'enjeu : je ne suis pas une fan comme les autres, je suis... la première. La plus fidèle. Envers et contre tous.

Cannes 2011. Le film tant attendu de Terrence Malick fait partie de la compétition officielle. En tête d'affiche, Brad... Si en moi la passionnée s'enflamme, la journaliste reste calme. En effet, au même titre que son énigmatique metteur en scène, l'homme le plus sexy de la planète ne donnera pas d'interview. La mission professionnelle étant annulée, la mission personnelle peut commencer. Objectif secret mais premier : le croiser. J'avais dit au supermarché, mais en gros n'importe quel endroit m'irait.

A Cannes, et plus précisément dans le Palais, l'un des moyens d'admirer votre célébrité est le pont que l'équipe du film traverse juste avant d'aller en conférence de presse ou plus tard le couloir du wifi café, qu'ils empruntent juste après avoir été interviewés. Rien d'impossible donc sauf... si on a un rendez vous professionnel au même moment, à l'autre bout de la Croisette.

Résignée, je m'apprêtais donc à céder au coup du sort (non sans raler) lorsque Yoann alias notre père-rédac chef-noël à tous, a eu comme une vision: "Près d'un adorable cadreur tu seras, et sur les marches Brad Pitt tu verras." Quelques minutes après, je me retrouvai toute de noir vêtue (couleur réglementaire) sur le côté des marches, réservé aux flashs et aux caméras. Incroyable!

Brad Pitt et l'équipe de The Tree of Life descendent les marches après la projection du film acclamé. De loin, je prends quelques photos. "Brad, Brad!": le caméraman qui m'accompagne tente d'attirer son attention. Figée, je ne dis pas un mot. "Braaadd", je l'ai crié tant de fois devant mon écran de cinéma. Alors qu'à ce moment précis, le cri hystérique aurait un accent professionnel, rien ne vient.

Il descend et s'éloigne doucement sous les flashs et la musique grandiose. Puis, sans explication, le voilà qui remonte et s'arrête, attendant Angelina Jolie. Juste devant nous, son visage offert à notre objectif. Ado, j'avais volé les affiches d'Ennemis rapprochés collées dans mon cinéma de quartier. A l'époque, j'aurais bravé la sécurité pour me jeter à ses pieds.

Ce soir, je crois que si j'avais tendu la main, j'aurais pu le toucher et que si j'avais un peu élevé la voix, il m'aurait entendue. Mais rien. Je suis restée là sans bouger, même lorsqu'il m'a... regardée ! Souriante, respectueuse et émue en repensant à celle que j'étais, je me suis juste dit "hé hé, ça c'est fait..."