Il a fêté ses 80 ans vendredi, il vient de recevoir un Oscar d'honneur... Mais qui est vraiment Jean-Luc Godard, cinéaste adulé et controversé ? Auteur d'une biographie passionnante, Antoine de Baecque brosse pour AlloCiné le portrait d'un artiste pétri de contradictions, à travers une série d'anecdotes étonnantes.
Antoine de Baecque : "Ca fait presque partie de sa mythologie depuis toujours. Dès la sortie d’A bout de souffle, il dit : « J’étais un voleur… » Un des buts de cette biographie était de confronter la réputation et le mythe aux faits. Qu’en est-il par exemple de Jean-Luc Godard voleur ? Et c’est effectivement un des ressorts de la personnalité de Godard. Enfant, adolescent, il vole tout, à tout le monde. Le traitement est égalitaire : qu’on soit un ami, une connaissance, ou de passage, il fait les poches systématiquement.
Ca peut aller plus loin, les larcins peuvent grossir et se retourner contre lui… Le principal vol, c’est le vol de livres Boulevard Raspail chez son grand-père, Julien Monod, qui était le secrétaire de Paul Valery. Godard récupère subrepticement des ouvrages dans ce que Monod appelait le « Valerianum », qui était un peu le saint des saints, la bibliothèque renfermant les plus précieuses reliques de l’œuvre de Valery, notamment quelques éditions originales. Godard, qui a 17 ans, les vole et les revend en face, à la librairie Gallimard. Evidemment, son grand-père, qui traîne à la librairie située à 15 mètres de chez lui, va découvrir ces livres auxquels il tient beaucoup, et comprendre que c’est son petit-fils qui les lui a dérobés et les a revendus. La réaction de la famille face au jeune voleur est très violente, ça vaut à Godard une exclusion du cercle familial. C’est quelque chose qui marque beaucoup le jeune homme : c’est à cette époque qu’il écrit son premier texte, « Le Cercle de famille », une sorte de « Famille, je vous hais ». Il y dénonce la caste des Monod, ces grands-bourgeois qui l’ont chassé…
On retrouve cette idée du vol dans son cinéma : il ne cesse de voler des des phrases, des bouts de films, c’est très important chez lui. Et il le fait sans citer, sans guillemets, c’est presque de l’effraction. Mais en même temps, tout ça compose un film personnel : ces fragments, montés, de choses volées à d’autres (cinéastes, écrivains, journaux…) composent le tissu du film. Il en est ainsi dès les premiers films de Godard, et jusqu’à aujourd’hui. Godard voleur, c’est donc un fait biographique, mais aussi cinématographique.
Godard et la famille : entre héritage et rupture...
Godard a un rapport compliqué à sa famille. Il nait avec une cuiller en argent dans la bouche, il a l’aisance financière, culturelle, sportive, une famille qui l’aime… C’est un jeune héritier. Mais il est en rupture, d’une part parce que c’est sans doute profondément ancré en lui, dans sa psyché : il est en contradiction avec tout, y compris avec ceux qui peuvent le soutenir. D'autre part, choisir le cinéma, c’est faire un acte de rébellion contre la culture familiale : dans les années 40-50, le cinéma est encore un art mineur, méprisé, considéré comme un peu louche, et qui n’a pas le prestige de la littérature ni même de la peinture ou de la musique. On le lui fait payer, et il le sent.
Toute son existence, Godard sera un grand bourgeois, par ses manières, son élégance, sa culture, son érudition. C’est une donnée presque biologique, biographique, culturelle. Et en même temps, il s‘est fait lui-même, il a brûlé les vaisseaux familiaux. C’est par la rupture qu’il s'est fabriqué sa propre personnalité. Cette ambivalence là va durer toute sa vie."
-
Fancin
-
Laura B.
-
gimliamideselfes
-
themike1972
-
il.pipo
-
catrio
-
- Terrifier 3 J-28
- Gladiator 2 J-7
- Sur un fil J-21
- Louise Violet J-21
- Vaiana 2 J-0
- Jamais sans mon psy J-21
- Wicked Part 1 J-0
- Mufasa: le roi lion J-21
- The Lord Of The Rings: The War Of Rohirrim J-14