Il a fêté ses 80 ans vendredi, il vient de recevoir un Oscar d'honneur... Mais qui est vraiment Jean-Luc Godard, cinéaste adulé et controversé ? Auteur d'une biographie passionnante, Antoine de Baecque brosse pour AlloCiné le portrait d'un artiste pétri de contradictions, à travers une série d'anecdotes étonnantes.
Antoine de Baecque : Bonnie and Clyde est un projet écrit par deux jeunes scénaristes américains au début des années 60, Robert Benton et David Newman, pour François Truffaut. Benton et Newman sont tombés amoureux de la Nouvelle vague à travers la vision de Tirez sur le pianiste et Jules et Jim. Ils ont donc écrit une histoire qui reprend ces personnages presque mythologiques de bandits en cavale.
Truffaut hésite assez longuement à le tourner lui-même : il est touché par cette offre, d’autant que le jeune producteur new-yorkais qui est la tête de ce projet lui donne un certain nombre de garanties concernant le tournage, qui se ferait aux Etats-Unis mais un peu selon les méthodes de la Nouvelle vague. Truffaut renonce finalement : il ne parle pas anglais et voit assez lucidement qu’il n’aura pas la liberté qu’il voudrait, même dans un cadre protégé. Il passe le bébé à Jean-Luc Godard, au moment où Warren Beatty entre dans le projet. Les producteurs sont plutôt ravis et bienveillants. Nous sommes en 1964, Godard lit le scénario, propose de le tourner au Texas dès l’été suivant. Mais cette rapidité, cette souplesse de Godard inquiètent le producteur, qui pense qu'il n’est pas possible de tourner aussi vite et qu’une catastrophe va arriver si Godard le fait ! Godard est écarté, et c’est finalement Arthur Penn qui récupère le projet, et en fera un des grands succès de la production indépendante américaine.
Godard et l'Amérique : violence et passion
Comme avec beaucoup de choses, Godard a un rapport ambivalent avec les Etats-Unis. Il a souvent dit que c’était sa terre natale de cinéma. On pourrait dire la même chose de Truffaut ou même de Rohmer. Il a été formé par la vision de milliers de films américains de sa jeunesse. C’est son terreau primitif. C’est pour ça que le cinéma américain occupe une si grande place dans les Histoire(s) du cinéma (photo ci-dessous) par exemple. Par ailleurs, à partir de l’engagement des troupes américaines au Vietnam, il est pris dans une contradiction politique. L’Amérique devient l’ennemi, l’Empire contre lequel se bat Godard. A partir de 68, il deviendra donc un fervent combattant contre le cinéma américain.
Il pense résoudre cette contradiction à la fin des années 70, quand il revient au cinéma après des années de films militants. Ca se passe sous les auspices de Francis Ford Coppola, qui vient d’avoir un grand succès avec les 2 premiers Parrain et a fondé son studio, Zoetrope. Coppole est ravi d‘y accueillir des cinéastes européens, et particulièrement Jean-Luc Godard, pour qui il a beaucoup d‘admiration. Godard a un vrai projet, sur lequel il travaille pendant deux-trois ans, The Story. Il passe beaucoup de temps à Los Angeles : en 3 ans il fait près de 100 voyages transatlantiques aller-retour, ce qui est étonnant et presque surréaliste ! Le projet va assez loin, il projette de faire tourner Robert De Niro et Diane Keaton dans une histoire écrite en français et traduite en anglais. Godard est tout à fait à l’aise avec la langue américaine, il a même un projet de documentaire sur le tournage de Coup de coeur de Coppola. Mais il repousse l’échéance sans cesse. Et à un certain moment, il sent très bien que son retour au cinéma ne peut pas se faire aux Etats-Unis, que le système américain, même avec l’appui de Coppola, ne lui conviendra pas, qu’il ne sera pas assez à l’aise pour faire un film qu’il considère comme important. Son retour prendra donc la forme d’un film tourné chez lui, en Suisse : ce sera Sauve qui peut (la vie).
Godard aime beaucoup la rencontre, le voyage, la découverte. En même temps, à partir du milieu des années 70, il est fixé à Rolle, sur son lieu originel, le Lac Léman. Il travaille tout seul, donc on parle de lui comme d'un ermite. En même temps, il a besoin de voyages pour trouver des idées de films, ses pulsions vont aussi vers l’ailleurs. C’est une autre contradiction de Godard. Plus il vieillit, plus il est fixé sur Rolle. Encore que… En juin dernier, Godard a vendu son appartement à Rolle, et aujourd'hui, personne ne sait où il est : peut-être à 5 kilomètres de là, peut-être au fin fond de l’Afrique ou en Amérique, en train de réfléchir à un nouveau film…
Propos recueillis par Julien Dokhan
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