Il a fêté ses 80 ans vendredi, il vient de recevoir un Oscar d'honneur... Mais qui est vraiment Jean-Luc Godard, cinéaste adulé et controversé ? Auteur d'une biographie passionnante, Antoine de Baecque brosse pour AlloCiné le portrait d'un artiste pétri de contradictions, à travers une série d'anecdotes étonnantes.
Antoine de Baecque : Hanne Karin Bayer débarque à Paris au début de l’année 1958. Jeune Danoise de 18 ans un perdue, sans le sou, elle se raccroche à quelques connaissances danoises dont on lui a donné les adresses. Elle est découverte à la terrasse d’un café de Saint-Germain-des-Près par ce qu’on appellerait aujourd’hui une agent de mannequins, qui l’emmène assez vite faire des photos. Coco Chanel, déjà très agée, est une des premières personnes qui remarque les photos de Karina. A partir de son prénom Hanne Karin, elle crée le nom, avec un C à l’origine, Anna Carina. Elle crée non seulement un nom mais aussi un personnage : cette jeune femme qui va être en couverture des magazines féminins et de mode, c’est presque « Mademoiselle Nouvelle vague », et ce avant même qu’elle rencontre Godard. Godard la repère d’ailleurs à travers ce personnage de jeune mannequin qui fait des publicités, qui incarne la jeunesse du temps. Après cette création de Coco Chanel (qui l’habille, la coiffe), il y a une deuxième création : c’est bien sûr Le Petit Soldat de Godard.
Les sept films qu’ils a tournés avec Anna Karina, Godard les a sans doute orientés en fonction d’elle. Il est dans une forme de séduction, qui se transfère vers le spectateur. Ce sont des films qui portent avec eux une forme de grâce : la grâce de saisir un moment où Godard est amoureux, où il veut mettre cette jeune femme sur un piédestal. Il y a aussi la grâce qu’apporte Anna Karina, qui est très belle, mais a aussi une vraie originalité, de l’ordre de la gravité enjouée, de la tragédie chantée ou dansée. C’est le propre du jeu d’Anna Karina, qui n’est pas seulement la muse de Godard mais aussi une grande actrice. Ce moment là du cinéma de Godard est marqué du sceau de Karina, et c’est avec justice qu’on appelle cette période les Années Karina. Godard aurait existé sans Karina (le contraire n’est pas forcément sûr) mais Karina donne un ton, une présence, qui n’appartiennent qu’à elle, qui colorent le cinéma de Godard.
Godard et les femmes : le Pygmalion
Godard a un rapport cinématographique avec ses femmes, qui sont aussi ses actrices. Ce qui le fait rêver quand il entre dans le métier, c’est de séduire par le cinéma. Il pense à tous ces couples de cinéma du type Roberto Rossellini/Ingrid Bergman. Ca a à voir avec le canevas du Pygmalion : l’homme plus âgé qui va créer un personnage de cinéma, transformer une jeune femme en star. Il le fait avec Anna Karina, il tentera de le faire avec Anne Wiazemsky même si ce schéma volera en éclat avec 68 et l’engagement militant.
Il retrouvera ce schéma plus tard, par exemple avec Myriem Roussel, qu’il rencontre sur le tournage de Passion. Il La fabrique comme musicienne dans Prénom Carmen, puis comme Vierge Marie dans Je vous salue Marie (photo ci-dessus). Là, c’est sa créature, elle est la Vierge, lui étant le Dieu le père. C’est un schéma assez commun dans le cinéma : on ne peut pas dire que Godard soit très innovant dans sa manière d’être amoureux et de créer des personnages féminins. Il est dans l’air du temps, capte la dimension contemporaine de ces jeunes femmes, mais dans son rapport avec elles, il reste dans un rapport de Pygmalion… qui est aussi, il faut bien le dire, assez misogyne.
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