C'est quoi, le cinéma mainstream ?
lundi 23 août 2010 - 06h00

Auteur du livre-enquête "Mainstream", le sociologue Frédéric Martel analyse pour AlloCiné quelques tendances de l'industrie du 7e art : l'hégémonie du cinéma américain, les relations entre studios et indépendants, le poids d'Internet... Propos recueillis par Camille Lamourette.

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Frédéric Martel : Le multiplexe correspond avant tout à une multiplication des écrans, donc de l’offre. Ensuite, il implique un changement de localisation, car beaucoup de multiplexes (pas tous) sont situés dans des banlieues lointaines des villes. La culture se déplace là où les gens vivent. Jusque dans les années 70, les gens allaient au cinéma dans le centre ville, là où étaient installés les grands palaces (dans les années 1930-40), puis les salles de cinéma (après guerre). Le changement arrive dans les années 50 avec l’apparition des drive-in, ces cinémas de parking sur lesquels on vient voir des films, avec sa voiture, surtout l’été. Le drive-in, c’est aussi le cinéma des adolescents. 

 

  

C’est sur ces parkings que vont s’installer les multiplexes en dur. Peu à peu, ces multiplexes, qui apparaissent dans les années 70-80, vont se situer de plus en plus loin des centres villes, dans ce qu’on appelle les nouvelles exurbs, qui sont des banlieues très lointaines, le deuxième ou le troisième anneau des villes. Parfois on est à 100 km du centre ville, au milieu d’autoroutes, dans les immenses banlieues américaines. Le shopping mall devient le modèle de ces villes qui n’en sont pas, de ces centres villes qui ne sont ni un centre, ni une ville... . Le multiplexe, c’est l’endroit où vous allez pour rencontrer des gens, c’est le centre ville de la ville nouvelle.

 

Blockbusters, buzz et Burger King

 

Le poids grandissant du marketing, de la publicité, du teasing et des produits dérivés qui accompagnent la sortie d’un film est lié à différents facteurs, et en premier lieu au phénomène des blockbusters. C’est un phénomène qui commence avec Les Dents de la Mer de Spielberg et qui s’intensifie par la suite avec Star Wars, et jusqu'à Matrix, Spider-Man, Batman, Avatar, Shrek, Toy Story. Ce phénomène se double d’une accélération très caractéristique de notre époque : les individus vont voir très vite les blockbusters. Très souvent, ce qui compte aujourd’hui pour un blockbuster[1], c’est ce qu’on appelle le premier week-end, et disons la première semaine de sortie en salles. Pour que les gens aillent voir ces films en nombre, il faut créer un événement massif, ce qui va se faire en amont avec une campagne marketing et de buzz très puissante, et en parallèle avec des produits dérivés qui accompagnent la sortie du film dans les McDonald ou les Burger king.



[1] Blockbuster. Dans le langage militaire, il s’agissait d’une bombe pour détruire les blockhaus. Par extension il s’agit d’un film (le terme est utilisé pour la première fois dans Variety en 1951 à propos du film Quo Vadis) ou d’une exposition à grand succès, d’un livre best-seller, ou même d’un médicament vendu massivement.

 

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Commentaires

  • Kick-

    Très bon dossier.

  • JokerDreizen

    Oh putain le rédacteur s'est complètement lâché sur le chapitre sur Hadopi xD ! Pas mal !

  • irongaordon

    D'accord avec toi JokerDreizen, excellent ce paragraphe :)

  • Buzzleclair

    Très bon dossier, et ça donne envie de lire l'étude complète.

  • dvdmike452

    les sociologues comprennent bien mieux le monde que les hommes politiques ; le paragraphe sur hadopi (entre autre) en est encore une fois la preuve !

  • heathledgerdu62

    un très bon livre sur le cinéma !!!

  • TheLionandtheCobra

    pas mal comme dossier et analyse très pertinente même si personnellement je n'ai pas appris grand chose

  • tit-flo

    Dossier très intéressant. Je ne suis pas tout à fait d'accord cependant sur le rôle de la critique. Chaque semaine, je lis les critiques des films qui m'intéressent, car à plus de 10€ la séance en plein tarif dans les multiplex, je n'ai pas envie de gaspiller autant d'argent pour voir film de mauvaise qualité, même si tout le monde l'a vu...

  • bloodtear

    Vraiment trop vague comme dossier.
    On pioche ici et la , avec quelques détails et titres sans explications. L'analyse est bonne mais ne se risque à rien donc cela ne surprend pas.

  • Maibondieu

    Intéressant, en particulier cette remarque sur le fait que les européens font du cinéma national mais n'arrivent pas à faire du cinéma européen ni du mainstream... Ca fait vraiment réfléchir. Et puis je suis ravie de constater que de plus en plus de gens réconcilient le cinéma intellectuel et populaire, sans bouder ni l'un ni l'autre.

  • Picoscrope

    Dossier très intéressant et l'analyse bien élaborée.

    Au niveau des films Mainstream que les Américains peuvent produire, je dirais que c'est surtout ( en ce moment) grâce à des réalisateurs talentueux à leur imaginaire imparable ( James Cameron, Christopher Nolan, Scorcese...) qu'Hollywood arrive à séduire tout le monde et imiter leur modèle dans d'autres films . Tout le monde n'est pas pour cette culture mainstream, mais c'est un fait, les Américains y arrivent et sont les meilleurs dans ce domaine.

    Luc Besson quant à lui est dans l'effet la sinusoïde dans ses réalisations et productions. Pourquoi pas l'apparition d'un autre producteur autant capable dans l'industrie du cinéma.

  • sadijin

    Excellent dossier. De plus, vois que je ne suis pas le seul à consentir au paragraphe sur Hadopi. Je suis d'accord avec toi, dvdmike452, les sociologues comprennent vraiment mieux le monde que les hommes politiques...

  • Musarise

    Mouais. "L'analyse" du succès d'Avatar détruit la crédibilité gagnée dans le reste de l'article. "Avatar a du succès, c'est qu'il est incroyable" est un raisonnement totalement faux. On l'a déjà vu avec Bienvenue chez les chtits ! Phénomènes de modes, engouements inexpliqués, ameutement, on appelle cela comme on veut, mais quand on se dit sociologue et cinéphile on évite de dire des trucs pareils :)

    (dommage car comme je le pense le reste est plus qu'intéressant bien que résumé sommairement)

  • cineberry

    Excellente analyse. Il y a quand même deux petits bémols. Premièrement : Frédéric Martel prétend que le succès des films américains dans le monde tient au fait qu' "ils racontent des histoires qui parlent à tous parce qu’ils s’adressent au monde entier". Ce n'est pas tout à fait vrai : certaines comédies qui ont cartonné aux États-Unis ne trouvent pas leur public dans le reste du monde à cause des problèmes de spécificités nationales qu'il est parfois impossible à traduire. L'inverse est vrai : les studios américains ont refait à leur sauce des succès du box-office français (La totale devenu True lies, Un indien dans la ville devenu Un indien à New York ou plus récemment Le dîner de cons devenu Dinner for Schmucks) pour franchir cette même barrière de la langue.
    Deuxièmement, là où le spectateur du monde entier voit des films américains doublés dans leur langue maternelle sans a priori, le spectateurs américain rechigne à voir des films doublés. Le marché des films doublés aux USA dépasse rarement les 10 millions de dollars au box-office et est réservé plutôt à une élite friande de cinéma du monde. Les rares films français à avoir marché aux USA étaient pour la plupart tournés en langue anglaise (Taken 145M$, Le cinquième élément 63M$...) ou étaient des documentaires avec voix-off donc pas vraiment doublés (La marche de l'empereur 77M$, Oceans 19M$...)

  • Baal-84

    "Hadopi (...) est une absurdité sarkozyste". Sociologue, hein ? Si demain les gens squattent les maisons parce qu'ils les veulent gratuitement, on reprochera aux vendeurs de les vendre trop cher et on culpabilisera les préfecture d'oser expulser les squatters et d'avoir un système de fichier pour les reconnaitre ? Faut arrêter la masturbation intellectuelle, surtout quand il n'y a rien à masturber. Le principal problème d'hadopi c'est d'avoir à exister, à savoir qu'aujourd'hui on vole ce qu'on a pas envie d'acheter, sous prétexte que c'est nul (à tel point qu'on viole la loi pour le consommer). A partir du moment où un mec arrive pas à s'élever au delà de "bouh hadopi c'est nul et c'est la faute à sarko parce que les médias sont trop cher" (faux, ils ne sont chers que quand ils sont neufs !), il perd à mes yeux toute crédibilité. Après on pourra toujours débattre du reste de l'analyse, moi je perd pas mon temps avec quelqu'un qui recrache des stéréotypes.

  • Watchmen

    Jetez un coup d'oeil sur mon dernier court métrage. Un film sans 3D mais avec le célèbre procédé sonore... la quadriphonie !!!!!

    Personne ne viendra vous aider
    http://www.dailymotion.com/vid...
    Bon film !

  • benjimagne

    Il faut lire le livre pour pouvoir ce faire une réelle idée de la qualité de l'analyse et ne pas se fonder seulement sur un dossier Allociné qui ne peut éviter les raccourcis.

  • Adrien P.

    Une analyse courte et bref, mais qui permet de s'interesser au sujet.
    Claude Lelouch: Le monde du partage devra remplacer le partage du monde.

  • kevinbarnes

    Très bon article, argumenté et documenté sans être manichéen et trop simpliste

  • echoglacial

    Bien,mais pourrait être meilleur.

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