À quelques mois du coup d'envoi du nouveau Paul Greengrass au cinéma – le thriller haletant « Capitaine Phillips » – la Scandinavie s'intéresse elle aussi aux prises d'otages maritimes, plus particulièrement le réalisateur danois Tobias Lindholm qui sort aujourd'hui sur les écrans « Hijacking », auréolé de la Flèche de cristal au Festival de Cinéma Européen des Arcs.
Synopsis Allociné : En plein océan Indien, le navire danois « MV Rosen » est pris d'assaut par des pirates somaliens qui retiennent en otage l'équipage et réclament une rançon de 15 millions de dollars. Parmi les sept hommes restés à bord, Mikkel, le cuisinier, marié et père d'une petite fille. Prisonnier et affaibli, il se retrouve au cœur d'une négociation entre Peter, le PDG de la compagnie du cargo et les pirates. Pour l'armateur, sauver ses hommes est un devoir. Mais le sang-froid et les millions suffiront-ils à ramener tous ses marins dans leur famille ?
Bien que son synopsis sur Allociné rappelle étrangement celui d'un certain « Piège en haute mer » avec Steven Seagal, il n'en est absolument rien en réalité, puisque « Hijacking » concentre essentiellement son action sur deux fronts, la prise d'otage en elle-même à bord d'un cargo danois, marqué par un style réaliste trépidant proche du docu, et les négociations fondées sur une unité de temps et de lieu (environ cent vingt-sept jours d'échanges avec les pirates somaliens, sous forme de coups de téléphones et de fax déstabilisants).
Réalisation sobre, soignée et maîtrisée, acteurs convaincants et convaincus, tension sans relâche et rythme tambour battant, sans temps mort, suspense haut de gamme, écriture de qualité … aucun doute, « Hijacking » est une petite bombe.
Impeccablement mis en scène par un homme au savoir-faire indéniable – Tobias Lindholm est le scénariste attitré de Thomas Vinterberg et de la formidable série « Borgen » – « Hijacking », combinaison d'une vingtaine de cas « réels », est un thriller en huit clos intelligent et nerveux, mais pas que. Car, derrière la prise d'otages, Lindohlm, bien documenté sur le sujet, s'empresse de dénoncer la cohabitation du capitalisme institutionnalisé avec le capitalisme sauvage.
« Les pirates doivent repartir avec le sentiment qu'ils n'auraient pas pu obtenir davantage » s'exclame-t-il en interview, témoignant des difficultés pour négocier avec ces types là.
Côté cast', Soren Malling (« A Royal Affair ») crève l'écran en PDG improvisé négociateur. Pas d'étonnement donc lorsqu'on apprend que le comédien vient d'être récompensé d'un prix d'interprétation masculine au Festival précédemment cité.
Bilan : « Hijacking » vient de placer la barre très haute en terme de thriller maritime. Paul Greengrass, tu sais ce qu'il te reste à faire !