Avec "A la Maison Blanche", il est devenu un scénariste de référence à la télévision. Avec "The Social Network", il a montré qu’il pouvait raconter toutes les histoires pour tous les écrans. Mais qui est Aaron Sorkin ? Pourquoi son style ne laisse-t-il jamais indifférent ? Qu’est-ce qui se cache derrière ses thèmes de prédilection ? Découvrez un homme aussi brillant que complexe, dont la dernière oeuvre "The Newsroom" est actuellement diffusée sur OCS Novo. Un dossier réalisé par Nicolas Robert
Pour passer de la scène au scénario, Aaron Sorkin a emprunté la route du cinéma et de ses studios. C’est là que se sont affirmés un auteur, un style… et deux profils. Au cinéma, il n’y a effectivement pas "un" mais "des" Sorkin : celui qui fait office de passeur et celui qui impulse les histoires.
Au début des années 90, il rejoint Hollywood et Castle Rock Entertainment. Là, il s’attelle d’abord à l’adaptation de sa pièce A Few Good Men (devenu Des hommes d'honneur sous la direction de Rob Reiner sorti en 1992). Quand on connaît l’homme, la virtuosité de son style à l’écran, sa capacité à produire de très nombreux scripts pour la télévision, on pourrait croire que Sorkin a toujours été une sorte de "machine à histoires". La vérité, c’est que ses débuts furent plus compliqués.
L’écriture est comme un muscle. Sorkin a beau avoir toutes les qualités d’un marathonien, pour devenir un authentique athlète du récit, il faut du temps. Et beaucoup de travail. Pour écrire la toute première page de scénario de Des Hommes d’honneur, il met ainsi près de trois jours. Finalement, plusieurs mois lui seront nécessaires pour arriver au bout de cette entreprise.
En un clin d'oeil, les 6 scénarios de Sorkin portés à l'écran...
©Castle Rock Entertainment, Universal Pictures, Columbia Pictures
En parallèle et pour progresser, le New Yorkais devient script doctor chez Castle Rock. Son apprentissage est assez long, discret : au fil des années, il intervient dans l’écriture de films comme Rock et Excess Baggage (pour lesquels il n’est pas crédité) mais aussi et surtout Malice de Harold Becker et Bulworth, de et avec Warren Beatty.
Mois après mois, de 1991 et 1998, il affirme son goût pour les personnages brillants, parfois maladroits mais pétris de convictions. Notamment avec Le Président et Miss Wade, film de Rob Reiner sorti en 1995. On retrouve dans ces histoires des héros capables de se lancer dans des joutes de haute volée… mais pas toujours.
Au cœur d’une industrie où le scénariste n’est pas au centre des décisions (contrairement au monde de la télévision), il apprend en se mettant au service de projets collectifs. Et lorsqu’il revient par la grande porte, dans les années 2000 et après son départ de The West Wing, la dualité "passeur / impulseur" est toujours une réalité.
Pour La Guerre selon Charlie Wilson de Mike Nichols (2008), dont l’histoire est basée sur un livre de George Crile, son style se retrouve surtout dans la description du héros, un sénateur texan qui apporte son soutien aux rebelles afghans. Pour Le Stratège de Bennett Miller (2011), le passeur est encore là : le script est cosigné avec Steven Zaillian et son influence est subtile.
Andrew Garfield, Joseph Mazzello & Jesse Eisenberg dans "The Social Network"
©Sony Pictures Releasing France
Mais avec The Social Network (2010), film de David Fincher revisitant la création de Facebook par Mark Zuckerberg, la donne change. Sa voix s’exprime avec autrement plus de force. Ce qui s’avère payant : le film a d’ailleurs reçu l’oscar du meilleur scénario.
On attend maintenant le scénario de son prochain film, consacré à la vie de Steve Jobs, fondateur d’Apple. Un projet qui ne devrait compter que trois scènes, chacune d’une demi-heure…et pour lequel le nom du réalisateur n’est pas encore connu. Sa sortie est prévue pour 2013 : l’ombre du Sorkin "maître d’œuvre", celui qui a triomphé à la télé, commencerait-elle à s’étendre au grand écran ?
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A voir ! La bande-annonce du film Le Président et Miss Wade, qui contient les germes de la série À la Maison blanche :
Le Président et Miss Wade
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ffifou
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Ilwan
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sparrow22
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capecodmiss
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Morgoth89
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johnrael
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Pascal C.