Avec "A la Maison Blanche", il est devenu un scénariste de référence à la télévision. Avec "The Social Network", il a montré qu’il pouvait raconter toutes les histoires pour tous les écrans. Mais qui est Aaron Sorkin ? Pourquoi son style ne laisse-t-il jamais indifférent ? Qu’est-ce qui se cache derrière ses thèmes de prédilection ? Découvrez un homme aussi brillant que complexe, dont la dernière oeuvre "The Newsroom" est actuellement diffusée sur OCS Novo. Un dossier réalisé par Nicolas Robert
De la pièce Des hommes d'honneur - dont il a écrit les prémices avec l’aide de sa sœur, avocate au JAG, et sur une série de serviettes à cocktails - à la création de À la Maison blanche - dont il aurait pitché l’idée en catastrophe avantun rendez-vous avec le producteur John Wells - chez Sorkin, les petites histoires côtoient la grande. Et elles contribuent à forger une légende. Celle d’un authentique auteur pour la télévision.
Contrairement à quelqu'un comme Shawn Ryan, le créateur de Newsroom ne délègue pas l’écriture de ses séries. Pour lui, écrire s’apparente à un exercice quasi-physique et individuel. Une expérience au cours de laquelle il a besoin de bouger, de vivre et de dire ce qu’il pose sur le papier. Surtout, il faut que ce soit lui qui écrive. "Je suis entouré de gens qui ont de super idées mais les scénarii ne sont pas écrits en comité", expliquait-il au magazine GQ en 2008.
Sorkin, c’est le type même du scénariste qui emmagasine toutes sortes d’anecdotes. C’est pour cela qu’il aime s’entourer de nombreux consultants susceptibles de lui souffler telle ou telle idée d’intrigue. A l’image de Dee Dee Meyers et Elie Attie, des habitués de la véritable Maison Blanche qui ont travaillé avec lui sur sa série politique. "Je suis toujours en manque d’histoires," affirmait-il au Seattle Pi, à la fin de la première saison. "Ce que j’aime, ce sont les dialogues et (leur) son."
Photo extraite de l'épisode de la série "A la Maison Blanche", intitulé "In Excelsis Deo" :
©Warner Bros. Television
L’homme a aussi un goût du contrôle très affirmé. Ce qui n’est pas sans poser problème parfois. En 2000, une polémique éclate lorsque le script de l’épisode "In Excelsis Deo" d’À la Maison blanche reçoit l’Emmy Award du meilleur scénario. Dans cet épisode, co-écrit avec Rick Cleveland, Toby Ziegler, directeur de la communication de la Maison Blanche, honore la mémoire d’un vétéran de la guerre de Corée qui est mort dans la rue. L’histoire est directement liée à celle du propre père du co-scénariste.
Le soir de la remise des prix, une fois l’Emmy dans les mains, Sorkin pousse Cleveland hors de la scène avant qu’il ne puisse remercier qui que ce soit. Plus tard, il préciseraque si ce même Cleveland a été crédité pour l’épisode, c’est "par gratification", assurant au passage qu’il avait dû tout réécrire ! Finalement, le créateur de la série s’excusera auprès de ce dernier, qui n’en a pas moins publié sur le Net un billet assez salé… et toujours en ligne.
Plus le temps passe et plus Sorkin affirme son omniprésence derrière chaque script. Les chiffres, à ce titre, impressionnent : en quatre saisons d’A la Maison Blanche, deux de Sports Night, une de Studio 60 et une de Newsroom, Sorkin a écrit ou co-écrit 159 scénarios sur 165 possibles.
Fin juin, une vidéo surprenante est apparue sur la toile. Elle met en exergue les Sorkinisms, des formules que l’auteur a réutilisées à plusieurs reprises d’un film à l’autre et d’une série à l’autre. Certains ont parlé de difficulté à se renouveler… mais cette accusation est assez vaine. Personne ne s’est par exemple amusé à faire de même avec David E. Kelley et la montagne de scripts qu’il a écrits. Pourtant, vu qu’il en a signé près de 500, il doit y avoir là-aussi matière à faire un joli montage.
Les fameux "Sorkinisms" :
La vérité, c’est que si Sorkin aime écrire en solo, il continue de s’entourer. On en a encore eu la preuve en août avec Newsroom. D’un côté,on apprenait le renvoi de plusieurs scénaristes de juste après la fin de la saison 1 (saison dont Sorkin a signé les dix épisodes seuls, sauf le troisième) ; de l’autre, le producteur annonçait l’arrivée de nouveaux consultants sur le show de HBO (d’anciens journalistes qui ont longtemps arpenté les couloirs des chaînes d’information). Reste à savoir comment tout cela se traduira à l’écran.
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A voir ! La bande-annonce du film La Guerre selon Charlie Wilson la rencontre au sommet entre un scénariste (Sorkin), un réalisateur (Mike Nichols) et des stars (Julia Roberts, Tom Hanks, Philip Seymour Hoffman) :
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