Avec "A la Maison Blanche", il est devenu un scénariste de référence à la télévision. Avec "The Social Network", il a montré qu’il pouvait raconter toutes les histoires pour tous les écrans. Mais qui est Aaron Sorkin ? Pourquoi son style ne laisse-t-il jamais indifférent ? Qu’est-ce qui se cache derrière ses thèmes de prédilection ? Découvrez un homme aussi brillant que complexe, dont la dernière oeuvre "The Newsroom" est actuellement diffusée sur OCS Novo. Un dossier réalisé par Nicolas Robert
On dirait une histoire de couple, avec deux parties qui adorent se détester. Une de celles qu’il se délecte souvent à raconter. Sorkin et les médias, c’est une relation compliquée. Toujours entre attraction et répulsion.
De Sports Night à Newsroom, les médias, l’information et la télévision sont au cœur de l’œuvre du scénariste. D’une façon ou d’un autre, directement ou indirectement, ce triptyque revient toujours sur le devant de la scène. Et plus encore la question du contenu.
Dans un monde où ses personnages doivent tendre vers le "mieux", la question du message obsède le scénariste. A ce titre, une des scènes les plus fortes sur ce thème est sans aucun doute celle qui ouvre Studio 60 lorsque, dans une longue tirade, le producteur Wes Mendell encourage les téléspectateurs "à changer de chaine", considérant que "Nous sommes tous en train de nous faire lobotomiser par la plus influente industrie de ce pays"…
Extrait du pilote de "Studio 60 on the Sunset Strip" :
L’ambition du "message" dans les médias habite aussi les héros de Newsroom, que Sorkin façonne comme des journalistes très old school. Les pros de News Night sont des personnages résolus à s’adresser au citoyen qui sommeille en chaque téléspectateur, à l’image d’un Edward Murrow dans Good Night, and Good Luck. de George Clooney.
Quand cela permet de mettre le doigt sur la déliquescence du paysage médiatique américain, en explorant des faits d’actualité récents, c’est redoutablement efficace. L’exemple phare se trouve dans l’épisode 8, lorsqu’au détour d’une scène, la rédaction démonte méthodiquement l’émission sensationnaliste de la chroniqueuse judiciaire Nancy Grace.
Extrait de "The Newsroom" :
En revanche, lorsque le scénariste prend, à travers ses personnages, le ton du donneur de leçons pour régler des comptes, cela peut vite devenir irritant. A ce petit jeu, Sorkin a toujours les mêmes cibles : la télé réalité et Internet. Surtout Internet.
Une rancoeur que l'on peut dater de 2007, lorsque les critiques se sont abattues sur Studio 60 (A lire sur le Chicago Tribune). La blogosphère ne l’a pas épargné et il en a gardé une rancune tenace. "Je suis pour que chacun puisse s’exprimer mais tout le monde n’a pas gagné le micro pour le faire. Avec Internet, c’est ce qui s’est passé", a-t-il notamment déclaré lors d’un entretien avec Mike Nichols, réalisateur de La Guerre selon Charlie Wilson, publié sur Movie City News.
Aujourd’hui encore, Sorkin voue une vive acrimonie pour le web… qui le lui rend bien d’ailleurs. L’été dernier, il s’en est pris à une journaliste qu’il a confondu avec une blogueuse et la Toile s’est vite emballée autour de cette histoire : c’est l’affaire de l’Internet Girl (le nom avec lequel le scénariste a interpellé la journaliste), qui a donné lieu à de multiples détournements (A voir par exemple sur le New York Observer)
On ignore combien de temps il faudra pour que les choses se calment à ce propos. La récente arrivée du New Yorkais sur Twitter (Lire l'article d'Entertainment Weekly) aurait pu être une première étape… mais le compte n’est plus accessible.
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A voir ! La bande-annonce du film Network de Sidney Lumet, dont l'influence est particulièrement visible dans Studio 60 et The Newsroom :
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ffifou
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Ilwan
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sparrow22
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capecodmiss
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Morgoth89
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johnrael
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Pascal C.