Avec "A la Maison Blanche", il est devenu un scénariste de référence à la télévision. Avec "The Social Network", il a montré qu’il pouvait raconter toutes les histoires pour tous les écrans. Mais qui est Aaron Sorkin ? Pourquoi son style ne laisse-t-il jamais indifférent ? Qu’est-ce qui se cache derrière ses thèmes de prédilection ? Découvrez un homme aussi brillant que complexe, dont la dernière oeuvre "The Newsroom" est actuellement diffusée sur OCS Novo. Un dossier réalisé par Nicolas Robert
Les 4 créations télévisuelles d'Aaron Sorkin à ce jour...
©Imagine Television, Warner Bros. Television & Home Box Office (HBO)
Le fond et la forme. Ce que l’on dit et la façon dont on le dit. Si le style d’Aaron Sorkin est aussi singulier, si ses séries suscitent autant de réactions, c’est parce qu’elles sont toutes portées par une seule et même ambition. Tous ses héros doivent se dépasser pour défendre des convictions, et tendre vers un idéal.
De Casey McCall (Sports Night, comédie créée en 1998) à Will McAvoy (The Newsroom, lancée en juin 2012), tous sont des personnages forts, intelligents et résolus à se battre pour aller au bout de leurs idées.
Cette ambition est complètement ancrée dans l’imaginaire "idéalisant" du scénariste : "Dans mes scripts, les hommes sont construits comme ceux que les femmes voudraient comme mari ou petit ami", a-t-il expliqué au New York Times. "J’imagine les pères comme les fils et les filles voudraient qu’ils soient. J’envisage les patrons tels que les employés les souhaiteraient. Et croyez-moi, je ne fais pas cela à un niveau conscient."
Quelque part, Sorkin est une sorte d’anti David Simon. Quand le père de The Wire martèle le réalisme de ses productions, le créateur de Studio 60, lui, s’impose comme le champion des récits susceptibles de tordre la vraisemblance pour mieux atteindre la vérité des émotions. Il joue en fait très adroitement avec toutes les possibilités pour faire naviguer le téléspectateur entre réalité et fiction. Comment ? Grâce à une utilisation particulièrement fine des dialogues.
Comme l’explique le professeur Todd Finley sur le site Edutopia, toute la subtilité de ce qu’il appelle joliment la "Sorkinology", c’est de combiner dans les échanges haute qualité littérale, données factuelles lourdes, humour et musicalité (allitérations, répétitions). Tout ça jusqu’à parfois couper le souffle. L’expression la plus célèbre de cette combinaison, c’est le "Walk and Talk", les scènes où les protagonistes de la série À la Maison blanche (mais pas seulement) traversent de longs couloirs en discutant.
Extrait de la série "A la Maison Blanche" :
Le fond et la forme : les dialogues, qui brassent une multitude de références, immergent le téléspectateur dans une réalité de chiffres, de faits et d’éléments partagés (ou vérifiables) au service de l’histoire. C’est une des raisons qui fait qu’on y croit. Ainsi, même quand tout n’est pas crédible (ce qui arrive plusieurs fois), on "laisse faire" la fiction. Et l’idéalisme qu’elle porte nous emporte.
Avec le temps, on remarquera cependant que cet idéalisme a changé. La colère de Casey McCall dans le pilote de Sports Night sur la qualité de l’information n’est pas celle de Will McAvoy dans Newsroom. Cette dernière est plus proche de celle de Wes Mendell, le patron de Studio 60… mais elle est exploitée différemment.
La raison ? Avec le temps, McAvoy, comme son créateur, a pris pas mal de coups à la télévision. Ce qui se ressent dans la narration. Tous les deux sont exaspérés et peuvent être exaspérants (Sorkin assène certaines affirmations sur un ton professoral). Mais tous les deux sont toujours portés par l’envie de tendre vers un mieux. Contrairement à Mendell, qui baisse les bras.
Le fait que le défi devienne plus difficile ne rend pas l’expérience moins intéressante. Bien au contraire : c’est même tout ce qui fait son intérêt.
----------
A voir ! La bande-annonce du film Le Stratège, le dernier film scénarisé par Sorkin à ce jour :
-
ffifou
-
Ilwan
-
sparrow22
-
capecodmiss
-
Morgoth89
-
johnrael
-
Pascal C.