Le synopsis est excellent. Idée originale, passionnante et prometteuse...
Mais alors la progression des épisodes, c'est d'un nase...
Les personnages sont naïfs, voire idiots, entêtés dans leur immobilisme : Emma refuse d'évoluer, pour des raisons
(orpheline mal aimée dans l'enfance parce qu'élevée en foyer d'accueil)
qui n'ont pas de sens vis à vis de l'histoire
(elle est quand même au prise avec le merveilleux et fréquente des personnages de conte de fée, quoi ! C'est le moment ou jamais de dépasser un passé lourd affectivement à gérer, et d'autant plus que ses parents sont Blanche Neige et Prince Charmant !!!)
, son fils passe son temps à répéter la même chose, ce qui rend son personnage fatiguant et d'autant plus que répéter "you have to believe" à longueur d'épisode n'a strictement aucun effet sur sa mère (peut-être devrait-il reformuler, histoire qu'elle comprenne...) ; ses interventions impulsives pour tenter de prouver son point de vue sont incohérentes au niveau scénaristique (le passage dans la mine est pathétique : il ne ramène même pas le bout de verre qu'il trouve, et l'indice n'est pas suivi dans le scénario, en plus !!! Aucun intérêt !!!), la relation Blanche Neige et Prince Charming très pénible à suivre, parce que leur amour est contrarié par toutes sortes de rebondissements qui ne retiendraient personne dans la réalité...
C'est guimauve à souhait par dessus le marché, surtout avec cette idée que l'amour est la plus puissante des magies du pays des contes de fée, idée qui pourrait être beaucoup subtilement exploitée que ce qui est proposé au fil des épisodes baignant dans un romantisme propre à lobotomiser les personnages : par amour, ils font des trucs toujours plus idiots, plus kamikazes, hors de toute cohérence et de tous réalisme.
Il y a d'autres incohérences : Storybrook est sensée être une ville où le temps n'évolue pas, admettons. Pourquoi les enfants y vieillissent-ils et grandissent-ils (ils changent de classe !!!), dans ce cas, mais pas leur parents, qui eux ne vieillissent pas (et une Blanche-neige institutrice de 20 ans face à une Emma, sa fille de 28 ans, c'est pas terrible, honnêtement, du point de vue crédibilité) ?!
Il est sensé n'y vivre que des personnages de conte de fée, donc la ville est sensée être réduite, très petite ville de province typique aux US, mais la ville change taille constamment en fonction des besoins du scénario, possédant un hôpital digne d'une mégapole de la taille de Boston (avec un service d'urgence surbooké, digne d'un épisode de Grey anatomy vu l'activité qui y règne), et dispose même au moment opportun de son propre procureur pour instruire le dossier à charge de Blanche Neige, et alors même qu'il n'y a pas un avocat installé en la ville ; c'est Tracassin qui se colle aux problèmes légaux... Ce sont des détails de genre qui n'ont pas été assez mûris au niveau scénaristique, et qui rendent le background de l'histoire peu réaliste, décrédibilisant tout à mesure que les épisodes s'enchaînent. De plus l'arrivée d'Emma est sensé faire repartir le temps, mais cette donnée n'est absolument pas exploitée dans le scénario : les personnages ne retrouvent pas la mémoire de ce qu'ils sont pour autant, ou s'ils le font, il ne leur vient même pas à l'idée d'en parler à Emma, ce qui pourrait contribuer à lui faire retrouver la foi que son fils insiste tellement pour qu'elle ait...
Les contes de fées originels sont modifiés jusqu'à être méconnaissables, ce qui pourrait être sympa si ce n'était pas si mal fait :
le chaperon rouge devient le loup garou de l'histoire ce qui aurait pu être intéressant, mais devient insupportable lorsqu'elle massacre son amoureux tellement c'est incohérent, puisque le véritable amour est sensé surpasser toute autre forme de magie ; et je n'ose même pas vous parler du chapelier fou (et considérer Alice au pays des merveilles comme un conte de fée alors que c'est un roman, c'est quand même moyen) dépeint comme un sociopathe qui kidnappe des femmes pour leur faire faire des chapeaux magiques susceptibles de le faire retourner dans Wonderland, alors même que du point de vue de l'histoire, il est sensé rester pour son enfant,
tout ça c'est du grand n'importe quoi, avec un intérêt très limité pour le spectateur adulte, à part avoir un fond sonore pour faire la vaisselle ou le repassage.
Les passages où l'on nous explique ce qui s'est passé dans le conte de fées (passé oublié des personnages) cassent le rythme et le suspense de ce qui se passe dans le présent de l'épisode, et contribue souvent à la confusion du spectateur, notamment parce que par manque budgétaire, je suppose, les décors naturels de la réalité et du conte de fée se ressemble trop. Ça ralentit considérablement l'action, ce qui permet à une histoire qui pourrait être torchée en un téléfilm de deux parties de tenir 22 épisodes de 45 minutes, et entraîne des répétitions (personnages qui rabâchent les même choses tout au long de l'épisode) afin de ne pas perdre le lecteur. L'autre problème de ce parti-pris scénaristique, c'est que ces passages ne correspondent pas à des flashbacks des personnages eux-même, ou une découverte de Emma à leur sujet : ils ne sont pas ancrés dans l'histoire, ce qui les rend super malvenus. Ils n'apportent souvent pas grand chose à l'histoire de Emma, en plus, puisqu'elle ne croit en rien : le spectateur se retrouve à traiter d'Emma d'imbécile dans ses décisions parce que lui a des billes qu'elle n'a pas scénaristiquement, ce qui la rend antipathique. On a constamment envie de lui dire : "avance, espèce d’âne bâté : mais avance donc !".
Il y a aussi un parti-pris scénaristique très agaçant : chaque épisode se centre sur un personnage particulier, dont on n'entend plus parler dans le reste de la saison : passer autant de temps à présenter un personnage et à le détailler psychologiquement pour créer un lien entre le téléspectateur et lui pour finalement rien en faire de particulier, c'est idiot, et cela contribue à donner au spectateur l'impression de perdre son temps.
Le pompon, c'est quand même lorsqu'au début de la deuxième saison, Emma décide de punir ses parents de l'avoir abandonnée, et revient à son état premier de non croyante, malgré tout ce qui a été penible de lui faire faire tout au long de la première saison... En tant que spectateur, un puissant sentiment de découragement fait alors surface : avoir envie de continuer à suivre ses aventures alors même qu'elle est aussi monolithe, soporifique, et entêtée dans son idée de refuser sa destinée tient du miracle, et je suppose que c'est là-dessus que les producteurs de la série ont compté pour en remettre une couche pour une seconde saison...
Et le paradoxe le plus total, c'est que Emma n'évolue pas, alors même que son Arch-ennemy, la méchante reine de Blanche neige, maire de cette paisible petite ville elle, évolue et accepte les changements psychologiques imposés par le scénario !!!
Voilà les principales raison pour lesquelles je n'ai pas accroché à la série, et pourquoi après mettre farcie la première saison et le début de la seconde, j'ai totalement décroché.
Par contre je comprends que la série puisse plaire à un public adolescent ou pré-adolescent, au-delà de ces défauts : ça parle de "true love" ad nauseam, ce qui correspond à leur idée de l'amour absolu, à la Roméo et Juliette, idée qui s'efface avec la maturité et l'expérience ; c'est en partie ce qui rend la série tellement indigeste pour des adultes. Les libertés prises avec les vraies histoires des contes de fée traditionnels doivent aussi leur paraître super créatifs, sensibles comme ils le sont à la rébellion et à l'envie de dépasser les carcans imposés par les traditions, alors que leur exploitation est bien trop limitée dans le scénario de la saison pour être véritablement révolutionnaire.
Une série insipide, lourde et redondante ; lisez des contes de fée, si vous avez du temps à perdre, c'est nettement plus instructif.