Dexter New blood est un désastre...
La saison 8, que tout le monde conchie, proposait un final bien plus convaincant. La série ayant toujours fait le choix de l'amoralisme, l'issue de la huitième saison était logique, elle allait dans le même sens : le personnage s'en sortait. C'était la fin la plus courageuse. D'autant que Dexter payait le prix fort : d'abord le décès de sa soeur, puis la perte de son fils. La punition suprême !
Là, les scénaristes nous ont bricolé une fin morale des plus hypocrites après s'être complu neuf saisons durant à narrer la vie d'un tueur en série... Comme s'il fallait à tout prix expier leurs partis pris initiaux, obtenir le pardon des bonnes consciences puritaines américaines. C'est pathétique.
Dans la série originelle, Dexter avait survécu à tout un tas de tueurs en série, s'était joué de tout un commissariat, avait roulé tous ses collègues dans la farine sans le moindre effort, les avait pris pour des cons, mais il fallait dans cette nouvelle saison qu'il se fasse coincer par une fliquette de province sans moyens et sans expérience, une fliquette éprise de lui qui plus est (!). La fille a tout pigé de A à Z, a fait des liens que même les flics de Miami et l'agent Lundy du FBI ne sont jamais parvenus à faire en huit ans... Ses premiers indices sont tombés comme un cheveu sur la soupe (notamment Batista qui, au détour d'une conférence, évoque "Harrison").
Quant à Dexter qui tue son geôlier de sang froid, comment peut-on y croire un seul instant quand on sait le cas de conscience que ç'avait été à l'époque où Doakes était retenu prisonnier et que Dexter hésitait à le tuer ? Idem pour le meurtre de Laguerta, Dexter avait beaucoup hésité, il se sentait mal de tuer une innocente. Coup de pot pour lui, c'est sa soeur qui s'en était chargée. Mais là, le truc a été improvisé en deux secondes et sans le moindre scrupule.
Et que dire de Harrison qui, soudainement, après avoir tenté d'assassiner l'un de ses camarades, se sent une âme de justicier au point de pousser son père à se rendre à la police avant de lui tirer dessus "pour la bonne cause" ?
Et putain, quitte à faire revenir Batista à deux reprises pour faire plaisir aux fans, autant le confronter à Dexter à un moment donné ! Offrez-nous un face à face, bordel ! Qu'est-ce que c'est que ces scénaristes qui font leur boulot à moitié ?!
Je suis pas fan non plus de l'utilisation qui est faite de Debra, elle passe son temps à se foutre de la gueule de Dexter et à lui faire la leçon. J'aurais aimé, au contraire, que sa présence soit réconfortante pour le personnage, qu'elle insuffle les seuls moments de tendresse de son quotidien, c'est sa petite soeur, putain, pas le "fantôme des Noëls futurs" !!
Le pire, c'est qu'il a suffi d'une seule réplique de l'épisode final, une seule, pour flinguer tout ce que les scénaristes avaient bâti en huit saisons. Les mecs s'échinaient à nous démontrer depuis le début que Dexter était malgré tout capable de sentiments et d'amour (Rita, Astor, Cody, Harrison, Debra, Hannah...). Et là, juste avant de crever, qu'est-ce que nous dit Dexter ?! Que pour la première fois de sa vie, il ressent de l'amour... En une réplique, les scénaristes ont chié sur tout ce qui avait été mis en place dans la première série !
Je passe sur les problèmes de rythme de la saison, l'intrigue qui avance à deux à l'heure, les personnages secondaires à peine effleurés (le collègue de Dexter, la barmaid, le magnat du pétrole), le sentiment désagréable que tout se passe dans des bois enneigés (je me gèle le cul rien que d'y penser)... Puis je n'encaisse pas la façon qu'ont eue les scénaristes de se débarrasser d'Hannah McKay en deux-trois explications paresseuses. Bon sang, on tenait là un personnage génial !
Clyde Phillips aurait mieux fait de nous épargner cette suite. Il était bien faraud de prétendre faire mieux que la huitième saison, il s'est planté en beauté.