Février 2013. L'affaire Elisa Lam enflamme la toile. Une mystérieuse vidéo de surveillance dévoile une jeune femme agissant bizarrement dans l'ascenseur d'un hôtel. Les fans de paranormal se donnent à coeur joie pour analyser la vidéo dans le moindre détail. Cette mini-série documentaire de quatre épisodes revient sur l'affaire Elisa Lam, une touriste canadienne de 21 ans qui a disparu lors de son road-trip sur la côte ouest alors qu'elle séjournait au Cecil Hotel de Los Angeles, lieu emblématique qui renferme un bon nombre d'anecdotes sordides.
Étant fan de "American Horror Story", je ne pouvais pas passer à côté de ce documentaire. En effet, Ryan Murphy, le créateur, s'est inspiré de la réputation de l'établissement pour planter le décor fictif de l'hôtel Cortez, lieu où se déroule l'action de la cinquième saison. Complétée par de nombreux témoignages clés (les inspecteurs de l'enquête, la directrice de l'hôtel de l'époque, les employés, les témoins, les potentiels suspects, des historiens...), "La Disparue du Cecil Hotel" se veut plus pragmatique et triste qu'elle n'est effrayante ou angoissante. Néanmoins, l'atmosphère est tendue et une touche de mystère reste toujours en suspens, notamment lorsqu'on revient sur le passé du Cecil Hotel qui a compté des serial-killers parmi ses résidents ainsi que de nombreux décès dus à des overdoses ou des suicides... C'est aussi impressionnant de découvrir le nombre de coïncidences inexplicables que regroupe cette affaire, je comprend pourquoi les cyber-enquêteurs et autres fans de paranormal s'en sont donnés à coeur joie pour fantasmer sur des théories plus farfelues les unes des autres !
La série revient également sur l'Histoire d'un des quartiers le plus pauvre des États-Unis, voire du monde, où se situe l'immeuble : Skid Row. Elle souligne le contraste entre touristes enjoués et sans-abris souvent sortis d'hôpital psychiatrique ou de prison. Ce qui contribue beaucoup au danger et aux imprévus de cette zone qui regorge de mauvaises ondes. La série présente Elisa Lam comme le personnage principal de cette affaire, avec une voix off qui expose ses nombreuses pensées, laissées derrière elle comme indices, sur son blog Tumblr. Via des reconstitutions, on la présente comme une jeune femme intrépide, extravertie, curieuse et naïve, perdue dans la faune risquée de Skid Row. Ce documentaire apporte par ce biais une réflexion intéressante sur la solitude des personnes atteintes de troubles psychiques. Cela dit, j'ai trouvé dommage de ne pas avoir le témoignage de la famille de la victime, qui la connait sans doute mieux que quiconque. J'aurai aimé savoir à quoi elle ressemblait quand elle était enfant ou adolescente ou encore si elle avait déjà traversé des crises d'effets secondaires dues à son lourd traitement médicamenteux...
Ensuite, même si la série tente d'apporter des réponses concrètes à ce mystère, ce qui m'a un peu moins emballé, c'est son côté répétitif et faussement spectaculaire. Le troisième et dernier épisode souffrent de nombreuses redites et tournent en rond. Servie par une mise en scène tape-à-l'oeil, "La disparue du Cecil Hotel" ne dément pas les forces obscures puissantes de ce lieu mais préfère établir la critique de l'univers impitoyable d'internet qui a la capacité d'établir sa propre justice et de briser des vies.
Mais malgré tout ça, iriez-vous faire un tour au Cecil Hotel ?