Outre ses grandes frousses centrées sur des fantômes énervés, des miroirs possédés ou des vampires affamés, Mike Flanagan s'est imposé ces dernières années comme un auteur touchant autant qu'un artisan compétent. The Midnight Club ne fait pas exception à la règle, tant la tendresse de l'écriture du cinéaste traverse une grande partie des strates d'écriture de la série.
En témoigne la douceur et la bienveillance qui unit les personnages de The Midnight Club, notamment la belle relation père/fille entre Ilonka et Tim, la douce amitié entre Mark et Spencer, mais aussi tout ce qui entoure le personnage interprété par Adia, Cheri. En effet, la générosité et la délicatesse de la discrète exclue en font au fil des épisodes l'un des plus beaux personnages de la série. L'humanité de la plume de Mike Flanagan construit une structure émotionnelle solide à The Midnight Club, sans jamais tomber dans le misérabilisme que le décor médical aurait pu imposer.
Cette sensibilité est d'ailleurs admirablement habitée par toute une galerie de talentueux interprètes comme, entre autres, la touchante Iman Benson, la piquante de Ruth Codd, le charismatique Igby Rigney, l'attachant Sauriyan Sapkota et l'incandescent William Chris Sumpter. Plus que dans la technicité de leur jeu, c'est dans la sensibilité avec laquelle chacun incarne une manière différente d'appréhender la maladie que ces comédiens sont remarquables, entre rejet, désespoir, résignation et intériorisation.
Chaque acteur donne à voir avec finesse la complexité et la noirceur de son personnage, bien loin de l'oisiveté et de l'insouciance d'une certaine représentation de l'adolescence. Ici, tous les jeunes sont mourants. Les rendez-vous mondains comme le bal de promo deviennent ainsi très anxiogènes, de la même façon que les grandes fêtes alcoolisées sont remplacées dans la série par des pactes morbides aux portes de l'au-delà.
En contaminant d'une certaine gravité quelques motifs de la teen série ou du teen movie, The Midnight Club capte avec mélancolie l'inquiétude de l'adolescence et la peur du lendemain, ici renforcées par la situation médicale des personnages. Une peur qui est mise en scène à travers des histoires horrifiques que les jeunes se racontent entre eux et qui explorent plus ou moins frontalement des questionnements profonds autour des notions de destin, de croyance, de culpabilité et de mort.
À travers plusieurs récits dans le récit, The Midnight Club déploie un panel impressionnant de problématiques existentielles bouleversantes, tout en restant un divertissement horrifique ludique et effrayant. Encore une oeuvre qui restera à jamais dans les mémoires. Magnifique.