En tuant Hitler et sauvant Sharon Tate, Tarantino a inventé un révisionnisme fantaisiste, poétique, vengeur et cathartique. Mais ce n'était qu'un simple outil ponctuel, de point d'orgue narratif et artistique, finalement assez anecdotique. En revanche, cette production Ryan Murphy s'en saisi, pour faire entièrement reposer dessus, un discours social émouvant, pertinent et contemporain, qui n'a d'autre but que de faire gentiment du bien. Même si par moment, ça dénonce quand même pas mal( Par exemple, coucou Disney ^^ )...
Une critique claire et joyeuse, de l'hypocrisie d'un monde cruel et injuste, qui réécrit entièrement une certaine page de l'histoire américaine, pour soulager et apaiser, réconcilier différentes tribus sociales, à la fois complice et victime d'un cercle vicieux culturel, tellement malsain et destructeur. Un grand délire excentrique, uchronique et romanesque, qui ressemble à une vieille comédie musicale de Broadway. Mais sans le tour de chant et les ballets de claquette. Une pure fiction qui joue avec la réalité historique des années 40, mettant dans la tête de personnage réel ou imaginaire, une mentalité et une conscience sociale de 2020. Une fantaisie à la fois dure et douce, digne d'une fanfiction d'excellence, totalement fantasmé avec la partie tendre et romantique du cœur. Plein de bon et beaux sentiments fleur bleue. D’ambiguïté morale douteuse, et de rédemption. Et plein de jeu d'acteur théâtral tout en retenu( Enfin, pas pour Jim Parsons, que se lâche de manière jouissive... TBBT en position fœtale, après la danse des 7 voiles ^^), aussi délicieusement noble, que rétro et candide. Une écriture certes pas très subtile ou innovante. Mais tellement audacieuse, intelligente et bien structuré. Déjouant tous les vieux stéréotypes, de caractérisation discriminatoire de personnage. Ainsi que tous les clichés de jugement moral et manichéen, souvent prononcé avec hâte et passion aveugle. Ici, plutôt qu'une catégorie d'individus spécifique, c'est véritablement tout un système de pensée globale, qui est mis sur la sellette de la réflexion artistique. Car cette série n'oublie jamais, qu'en chaque individus quel qu'il soit, il existe toujours de la bonté, prête à jaillir au contact contagieux de celle des autres...
Les abus de pouvoir et d'autorité. La prostitution. La discrimination raciale ou sexuelle. Ou encore, l'auto censure induite par l'ordre moral et sociétal. Prendre de tels sujets aussi difficile, aujourd'hui plus qu'hier, devenu extrêmement clivant et sensible, pour en faire une comédie rose bonbon, glamour et légère, poétique et profondément optimiste, qui gommerait le passé avec charme, paillette et bonne humeur, en mettant le doigt là où le présent est si douloureux, était vraiment un pari de funambulisme hautement risqué. Surtout en couplant cela, avec une auto critique d'un média vieillissant, ce cinéma en perte de vitesse, qui trouve maintenant grâce et liberté sous d'autre forme, sur tout un tas de chaine câblé, et de nouvelle plateforme numérique. Et en remâchant un vieux discours naïf et éculé, quitte a se voiler volontairement la face, proclamant dans un happy end à 99% pur feel good, que seul l'amour nous sauvera de nous même. Mais il faut bien admettre que c'est très agréable. Plutôt joliment fait. Et que le casting, véhicule pas mal de charisme, et beaucoup de charme. A tel point que je pense malgré tout, qu'Hollywood est une grande réussite. Et une des meilleures productions originales, que Netflix n'est jamais signé.