Un pilote correct, bon scénario, des acteurs bien dirigés, des personnages avec de l’envergure et un jeu avec la dimension « lovecraftienne » assez fin. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas Lovecraft, résumons les choses très simplement : un auteur introverti hautement xénophobe avec un soupçon de racisme, des romans et nouvelles exceptionnels avec un univers inégalé et beaucoup copié, une mythologie, un panthéon de créatures, une bibliothèque d’ouvrages interdits. Alors quand une série joue sur différents tableaux de ce contexte avec une certaine finesse voire ironie, quand elle arrive à nous plonger dans cette Amérique ségrégationniste où les monstres sont clairement désignés comme les suprémacistes blancs et que soudain,
en très peu de temps on bascule dans l’horreur à la Lovecraft avec cette attaque de créatures sorties de la nouvelle Le modèle de Pickman,
on se dit que là ça va être LA série référente inspirée de l’œuvre du grand maitre de l’horreur. Oui mais voilà, le deuxième épisode est d’une telle médiocrité que l’on a tendance à penser que tout le talent de la série est passé dans le pilote. Étrangement, les acteurs sont ridicules, avec un jeu digne d’une pauvre série B, l’image est beaucoup moins belle que dans le pilote, les plans ne sont plus saisissants ni travaillés, le déroulement des scènes fait penser à un teaser, aucune finesse dans la transition entre ces dernières. Ajoutons que l’on ne s’attarde plus sur les personnages, du coup ils perdent leur humanité et ne sont plus que des pantins au service d’une action très peu structurée. Mais le summum c’est quand même le scénario, légèreté, platitude, fadeur,
une vague histoire de kidnapping pour qu’un sorcier de pacotille, qui donne des morceaux de son foi à ses adeptes, utilise le perso principal pour ouvrir un portail magique sur le paradis et ainsi devenir immortel…,
comment on ne sait pas trop mais si ce n’était que ça le problème. Arrivé à ce niveau on se fait une injection de tolérance et on donne une dernière chance en regardant le 3ème épisode. Mélange entre American Horror Story, The haunting of Hill House et… Evil Dead II, cet épisode ne rachètera en rien le précédent au contraire. Le background ségrégationniste devient accessoire et ne sert à rien, Lovecraft est oublié (à moins que cet épisode ne soit une vague allusion à la nouvelle Herbert West, réanimateur).
Le problème occulte est résolu dans une incantation digne de Buffy et les Vampires. Et pour couronner le tout, puisque cet épisode semblait indépendant de la trame conductrice qui s’est laborieusement posée au 2ème épisode, voici Christina Braithwhite qui fait sa réapparition avec sa Bentley grise qui, soit dit en passant, ne semble pas avoir reçu une seule rayure lors de l’effondrement du manoir de papa Braithwhite dans l’épisode 2.
Raccord très maladroit avec le scénario de l’épisode 3, on n’y croit pas une seconde. Et bien stop pour moi, trop de médiocrité à mon gout.