Cette critique n'a rien d'habituel ni d'objectif. Je ne sais même pas si ça va en être une au moment où j'écris ces lignes. Je me souviens, j'ai commence à regarder "How to get away with Murder ?" il y a six ans, alors que le monde juridique m'ennuyait royalement. Mais, à ma grande surprise, j'ai mordu à l'hameçon et cette série est devenue un vrai petit plaisir ! L'histoire de cette femme noire, prof de droit à l'université et avocate de renom, et de ses élèves complices de meurtre est habilement articulée et bien que chaque saison adopte la même structure, le suspense reste intact. On s'attache rapidement à ce petit groupe de personnages, embrigadés dans les rouages de la justice, que ce soit du bon ou du mauvais côté.
Loin de moi l'idée de la définir comme parfaite car il y a quand même quinze épisodes par saison, très souvent habillé d'une affaire courte résolue en un épisode. Secondaires et anecdotiques, ces intrigues ne servent pas à grand chose, si ce n'est mettre en pratique les avocats en herbe et la grande Annalise Keating, tout ça saupoudré de termes juridiques complexes et d'entourloupes où on est loin de saisir toutes le subtilités. Non, ce qui palpite et fascine vraiment dans cette série, ce sont les intrigues plus longues, traitées en une saison, servies par des flash-backs accrocheurs, et ne dispensant que quelques indices par épisode. Très souvent, les derniers épisodes sont riches en rebondissements et grosses surprises, ce qui nous fait adorer cette série dont le suspense fait partie intégrante de sa réussite !
Mais au-delà ce son intrigue, c'est son actrice principale, Viola Davis, que je chéris le plus ! Dans son rôle d'Annalise Keating, bourré de contradictions et de complexités, elle surplombe la série. Ce personnage est sans doute l'un des plus torturés et des plus insaisissables qu'il m'ait été donné de voir dans une série. A la fois totalement haïssable et extrêmement touchante, imprévisible et fidèle, égoïste et dévouée, puissante et fragile, elle fait figure de véritable fil rouge qu'on a grand plaisir à dénouer jusqu'à la dernière minute. C'est pour ça que même lorsque la série s'enfonce dans ses histoires banales et déjà-vu, Annalise Keating, à l'instar d'un phare, nous captive et nous guide par sa palette d'émotion ô combien riche et étonnante. Avec son interprétation, Viola Davis, dépeint la lutte d'une femme noire et influente, qui a du se forger une armure pour ne pas s'effondrer à la cour face à ceux qui ne rêvent que de sa chute. On la voit comme une petite fille dans les bras de sa mère (superbe Cicely Tyson), sentimentalement passionnée et perdue avec ses amants, cruellement dure avec ses élèves, alcoolique et boulimique dans sa solitude et dévastatrice et impériale quand elle exerce son métier d'avocate. Rarement un personnage de fiction nous est paru aussi palpable et touchant, mais aussi nécessaire et crucial par les temps qui courent.
Pour ce qui est de cette ultime saison, elle est assez irrégulière dans son rythme, et quelques incohérences apparaissent ici ou là mais elle réussit à préserver notre intérêt jusqu'à la fin grâce à son interprète et quelques seconds rôles intéressants (Amirah Vann, Aja Naomi King, Liza Weil). Elle rehausse également le niveau des saisons quatre et cinq qui tournaient un peu en rond grâce une intrigue de fond un peu plus corsée. Elle achève le voyage infernal de ses protagonistes en fermant la boucle narrative entamée dès le tout premier épisode. Ceci dit, le dernier épisode, bien qu'un peu poussif dans sa fabrication, est tout de même très riche en émotions.
Une série qui n'est pas révolutionnaire mais dont on se souviendra pour sa reine de coeur, Viola Davis.