Je me souviens de ces 2 noms, Masters & Johnson. De leurs gros bouquins posés sur le présentoir des best-sellers, dans la boutique France-Loisirs près de la maison. Les titres valaient leur pesant de cacahuètes : "Homme, Femme, une Sexualité", "Le Plaisir de l’Union"... On était des gamines. On essayait, l’air de rien, de s’approcher de la pile. Feuilleter en vitesse avant d’être repérée par une vendeuse ou par nos parents. C’était il y a longtemps. Avant internet. La quatrième de couverture montrait un couple d’âge mûr, visages sévères (lui surtout, un vrai psychorigide) : Masters & Johnson, les 2 pionniers de la sexologie. La série "Masters of Sex" (quel bon titre, non ?) raconte leur histoire. Le pilote est un régal. Réalisé par John Madden ("Shakespeare in Love", "Indian Palace"…) , il promet une série classieuse, dans la lignée de Mad Men. Sur un concept très original : une romcom rétro et plutôt leste. Soit donc la rencontre, dans l’Amérique puritaine des années 50, de William Masters (Michael Sheen), brillant gynécologue, orgueilleux, cassant, et obsédé par le mystère du plaisir féminin, et de Virginia Johnson (Lizzy Caplan), jeune étudiante délurée, 2 fois divorcée, qui pense sans malice qu’on peut coucher avec ses amis, et dont Masters va faire son assistante puis son binôme. On ne peut imaginer personnages plus différents. Ils sont évidemment idéalement complémentaires. Le 1er épisode montre leur irrésistible attirance et le début d’une collaboration qui va durer 40 ans. On devine que ces deux-là vont bientôt mélanger leurs recherches et leur vie privée. On est déjà accro.