Fernand Joseph Désiré voit le jour sur le boulevard Chave à Marseille. Son père, comptable et comédien-chanteur sous le nom de Sined, mais aussi sa mère, également comédienne, décèlent très vite les prédispositions du jeune Fernand pour la comédie. Grandissant dans un univers d’artistes, il accompagne son père lors de ses concerts. Il fait ses premiers pas sur les planches au théâtre du Châtelet de Marseille à l’occasion d’un concours pour petits chanteurs amateurs où il remporte le premier prix des enfants prodiges.
Après ses études, Fernand trouve une place à la Banque nationale du crédit qu’il ne conserve qu’un temps. S’ensuivent pour lui une série de petits boulots alimentaires, en parallèle desquels il monte sur scène comme chanteur et comique troupier dans les cafés-concerts. L’occasion pour le jeune homme de se faire remarquer. En 1925, à 22 ans, il épouse Henriette Manse, la sœur d’un de ses amis d’enfance. Ensemble, ils auront trois enfants : Josette, Janine et Franck. Deux d’entre eux opteront pour une carrière d’acteur.
On raconte que c’est sa belle mère, Mme Manse, qui lui attribue la première le pseudonyme de Fernandel. Le voyant alors si dévoué auprès de sa fille, elle se serait exclamée en riant : "Fernand d’elle…". Touché par cette phrase, le jeune comédien décide aussitôt d’en faire son nom de scène. En 1928, il monte à Paris et se produit au music-hall Bobino. Son succès y est si fulgurant qu’il signe le soir même un contrat s’étendant sur dix-neuf semaines pour le circuit des cinémas Pathé de Paris. Bientôt, il fait ses débuts à l’Elysée-Palace de Vichy puis au cabaret parisien concert Mayol. Parmi les spectateurs, le réalisateur Marc Allégret.
Frappé par le physique et la personnalité charismatique de Fernandel, le cinéaste lui offre un rôle de groom au sein du film qu’il prépare avec Sacha Guitry : Le Blanc et le Noir. Nous sommes en 1930 et le comédien entame une carrière cinématographique qui va se révéler foisonnante et s’étendre sur 40 ans et à travers plus de 120 films. Louis De Funès mis à part, rares sont d’ailleurs les acteurs comiques à faire preuve d'une telle longévité dans leur carrière. L'artiste va faire travailler les zygomatiques de millions de Français.
Dès 1931, il est sélectionné aux côtés de Michel Simon (acteur qu'il retrouve en 1939 dans Fric-frac) par Jean Renoir pour l’adaptation du vaudeville de Georges Feydeau "On purge bébé". La même année, il incarne pour la première fois le personnage principal d’un film dans Le Rosier de Madame Husson de Bernard Deschamps. Dans ce long-métrage tiré d’une nouvelle de Guy de Maupassant, il interprète un rôle qui lui sera bien souvent réattribué par la suite : celui d’un homme à la naïveté sans pareille. Un personnage qui n’est alors pas étranger au succès grandissant du cinéma de quartier.
Dès lors, les triomphes vont se multiplier pour l’acteur. Retenons notamment les films de Christian-Jaque Un de la légion et François Ier (1936), et surtout ceux de Marcel Pagnol, parmi lesquels Angèle (1934), Regain (1937), Le Schpountz (1938), La Fille du puisatier (1940), ou encore Topaze (1951). Mais c’est surtout dans la comédie que Fernandel rencontre ses plus vifs succès. En témoigne la bonne fortune des films L' Auberge rouge (1951), Ali Baba et les 40 voleurs de Jacques Becker (1954), La Vache et le prisonnier (1959) d’Henri Verneuil, et La Cuisine au beurre en 1963, année au cours de laquelle il fonde avec Jean Gabin la société de production Gafer.
A travers deux films de Julien Duvivier (et trois autres films italiens de Carmine Gallone et Luigi Comencini), Fernandel a fait de Don Camillo un des personnages de légende du cinéma des décennies 1950-1960. Un aspect de l’artiste moins répandu, l’acteur est aussi le réalisateur de trois films : Simplet (1942), Adrien (1943) et, d’après un scénario de son ami Sacha Guitry, Adhémar ou le jouet de la fatalité (1951). Terrassé par un cancer, il sombre dans son appartement de l’avenue Foch à Paris en 1971.