Issu d'une famille bourgeoise, Shohei Imamura fréquente, par révolte et goût du théâtre, le milieu des petits truands et des prostituées. A partir de 1951, il travaille en tant qu'assistant réalisateur successivement pour Schochiku et Nikkatsu, deux des grands studios japonais. En 1958, il réalise son premier long Désir volé où s'esquissent déjà les interrogations récurrentes de son cinéma. Les thèmes qu'il affectionne plus particulièrement sont les traditions villageoises et la réflexion sur la société japonaise comme on peut le constater au travers de Profond Désir des dieux (1968) et La vengeance est à moi (1979). Imamura s'interroge sur le traumatisme de la Seconde Guerre Mondiale et sur la présence des militaires américains sur le sol nippon dans Histoire du Japon racontée par une hôtesse de bar (1970) et dans Pluie noire (1989). Il livre aussi des documentaires comme En suivant ces soldats qui ne sont pas revenus (1971). L'autre aspect important de son oeuvre, c'est la place accordée à des femmes confrontées à leur destin comme dans Ces dames qui vont au loin (1975), Eijanaika (1981) et surtout La Ballade de Narayama (1983). Centré autour d'une sexagénaire condamnée à l'exil, ce film lui vaut la Palme d'Or au festival de Cannes. Il se fait encore remarquer 3 ans plus tard avec le sulfureux Seigneur des Bordels, biopic sur un authentique marchand de femmes japonais qui a fait fortune à Hong-Kong. Il obtient une seconde fois la Palme d'Or, cette fois pour L'Anguille (1997), récit d'un ex-taulard dont le confident privilégié est... une anguille ! La même année, il tourne Kanzo Sensei qui se déroule en 1945 dans un Japon ruiné et meurtri par le conflit mondial. En 2001, il réalise De l'eau tiède sous un pont rouge, présenté en compétition officielle au festival de Cannes. L'année suivante, il tourne un court-métrage pour le film collectif 11'09''01 en hommage aux victimes des attentats du 11 septembre. Il décède en 2006 des suites d'un cancer. Série citoyens abandonnés, une œuvre posthume, sort en 2011. On y découvre 4 documentaires inédits du réalisateur japonais, tous tournés au début des années 70. Imamura reste à ce jour l'un des rares cinéastes à avoir remporté deux fois la Palme d'Or à l'instar de Francis Ford Coppola ou Bille August...