Cecil Blount DeMille, considéré par beaucoup comme le cinéaste de la démesure, comme l'homme des superproductions historiques et bibliques, était évidemment cela, mais pas seulement. Il est un enfant de la balle, fils cadet d'un auteur dramatique, Henry Churchill DeMille. A la fin du 19e siècle, tout juste sorti du collège, il découvre le théâtre et se prend d'amour pour le jeu. Après des études dramatiques à New York et plusieurs pièces à son actif, notamment The Warrens of Virginia en 1907, écrite par son grand frère William, il fait une rencontre déterminante en la personne du producteur Jesse L. Lasky. Avec lui, il prospecte aux Etats-Unis pour trouver des lieux de tournage de qualité et à moindre coût. Ils décident finalement de s'implanter à Los Angeles.
En 1912, Jesse Lasky, Samuel Goldwyn et DeMille, accompagnés d'un juriste, fondent la Lasky Feature Play Company. DeMille, désigné pour mettre en scène les films de la société, débute deux ans plus tard dans le petit village d'Hollywood, où il tourne le western Le Mari de l'indienne, qui inaugure une période très active. Nouveaux westerns (The Virginian, Girl of the Golden West), films d'aventure (L'Appel du nord), drames (Forfaiture), reconstitutions historiques (Jeanne d'arc) : Cecil B. DeMille est un artiste qui travaille beaucoup et dans tous les registres.
Mais le cinéaste n'est pas encore le maître du "cinéma à grand spectacle" qui fera sa gloire. Durant la grande période du muet, avec un sens du perfectionnisme aigu que l'on retrouvera plus tard dans ses grosses productions, il s'attache plutôt, entre 1919 et 1921, à signer des comédies sophistiquées emmenés par Gloria Swanson (Après la pluie, le beau temps, L'Echange, L'Admirable Crichton). Faisant de Mary Pickford La Petite américaine, DeMille, qui crée sa propre structure de production en 1920, tourne par ailleurs une comédie de boulevard intitulée Le Détour.
1923 est une date clé pour DeMille, comme pour l'Histoire du cinéma. C'est cette année qu'il débute le tournage des Dix commandements, long métrage épique aux moyens démesurés pour l'époque. Avec cette oeuvre, le cinéaste pose une empreinte indélébile sur son Art et se spécialise dans la réalisation de superproductions. Car le film est un succès public et même s'il signe quelques travaux plus modestes comme Madame Satan, DeMille enchaîne creuse le sillon du "gigantisme" avec Le Roi des rois. Et quand il signe un contrat à vie avec la Paramount en 1932, sa carrière devient définitivement majuscule.
Décors grandioses, direction virtuose de foules, sujets historiques et bibliques... : Cecil B. DeMille a créé un style à lui tout seul. Parfois critiqué pour une propension à la mégalomanie, il règne sur Hollywood avec des films comme Le Signe de la croix (1932), Cléopâtre (1934) ou encore Les Croisades (1935). Après avoir dirigé la star Gary Cooper dans Une Aventure de Buffalo Bill et Barbara Stanwyck dans Pacific Express, l'arrivée de la couleur ne freine en rien sa soif de démesure. Il travaille avec John Wayne (Les Naufrageurs des mers du sud) et poursuit une riche collaboration avec Cooper, qu'il retrouve pour Les Tuniques ecarlates, L'Odyssée du Dr. Wassell et Les Conquérants d'un nouveau monde.
En 1949, Samson et Dalila, production gigantesque, le fait renouer avec la Bible. Insatiable, DeMille révèle Charlton Heston avec Sous le plus grand chapiteau du monde et est adoubé par la profession avec l'Oscar du Meilleur film. En 1956, il retrouve Heston pour Les Dix commandements, nouvelle version, plus de trente ans après, de son classique muet. Une oeuvre faramineuse, sans doute la plus connue du grand public, qui pourrait à elle seule résumer l'essence de son cinéma. Véritable pionnier et figure majeure de l'âge d'or hollywoodien, Cecil B. DeMille créa le grand spectacle sur grand écran. Culte pour ses superproductions, mais dont l'oeuvre s'étend bien au-delà de cette partie immergée, il s'éteint en 1959.
Biographie rédigée par Clément Cuyer