Né en 1888, soit la même année que Maurice Chevalier ou Harpo Marx, Friedrich Wilhelm Plumpe a donc presque sept ans lorsque le cinéma voit le jour. Une forme d’art qu’il ne rejoindra qu’en 1919, après être passé par des études de philologie puis d’histoire de l’art, et le théâtre, qu’il intègre en tant qu’acteur dans la troupe de Max Reinhardt. C’est à ce moment qu’il prend le nom de Murnau, mais doit quitter les planches pour le ciel pendant la Première Guerre Mondiale, où il officie en tant que pilote de chasse.
De retour au sol, il met donc, pour la première fois, les pieds sur un plateau, et réalise "Der Knabe in Blau" et le court métrage Satanas, que suivront notamment "Le Bossu et la danseuse" et "Le Secret du Comte Warren", où transparaît le goût du metteur en scène pour le fantastique et l’horreur. Un penchant qu’il poussera à son paroxysme en 1922, avec Nosferatu. Adapté du "Dracula" de Bram Stoker, il marque les spectateurs par son imagerie forte et fait du cinéaste l’un des chefs de file de l’expressionnisme allemand, aux côtés de Georg Wilhelm Pabst et Fritz Lang.
Oscillant toujours entre réalisme et fantastique, Murnau confirme ce statut dans les années qui suivent : pas forcément grâce au Fantôme (1922) et encore moins son adaptation de Tartuffe (1925), mais davantage par le biais du Dernier des hommes (1926) et de Faust (1926), d’après le mythe du même nom. Deux longs métrages dans lesquels il dirige son acteur fétiche, Emil Jannings, avant de partir outre-Atlantique.
Remarqué aux Etats-Unis pour son travail, le réalisateur est en effet invité par le patron de la Fox, et il y met en scène L'Aurore (1927). Doté d’une liberté totale et du budget le plus important de sa carrière, il signe, de l’avis général, son plus beau film et l’une des œuvres majeures de l’Histoire du Cinéma, mais les recettes sont quelque peu décevantes par rapport aux critiques. Le cinéaste reste toutefois sur le sol américain, et y enchaîne avec deux drames, Quatre diables (1928) et L'Intruse (1929), puis Tabou (1931).
Annoncé comme un succès par la Paramount, qui propose à son auteur un contrat de longue durée, ce film sera pourtant le dernier de Murnau, qui décède le 11 mars 1931 des suites d’un accident de voiture survenu à une semaine de l’avant-première de Tabou. Une fin de carrière prématurée et tristement ironique pour celui qui, selon Charles Chaplin, "avait porté le cinéma muet à un niveau de perfection absolue", et dont beaucoup des longs métrages étaient emprunts de fatalité.
Auteur : Maximilien Pierrette