Au lendemain de la Première Guerre mondiale, le cinéma devient un divertissement de masse dans lequel s’illustre la jeune démocratie allemande. Le 26 février 1920, Le cabinet du docteur Caligari de Robert Wiene est projeté au Marmorhaus de Berlin. Film manifeste de l’expressionnisme, il inaugure une longue lignée de terrifiants méchants qui vont pulluler sur les écrans allemands des Années folles, du Docteur Mabuse de Fritz Lang au Nosferatu de Murnau. Le septième art pressent-il les ténèbres à venir ? Si le critique Siegfried Kracauer, auteur du livre De Caligari à Hitler, y voit la préfiguration du nazisme, les films d’alors, d’une inventivité ahurissante, reflètent d’abord les bouleversements de l’époque, entre hédonisme et folie inflationniste, bouillonnement culturel et secousses politiques. Avec le surgissement de la Nouvelle Objectivité, dont Georg Wilhelm Pabst (Journal d’une fille perdue) est l’un des chefs de file, les peintures réalistes de l'époque, peuplées de déclassés et d’exploités, prennent le relais de l’expressionnisme.