Le Barbier de Séville de Gioacchino Rossini cumule plusieurs records : composé en deux semaines, il est l’œuvre d’un compositeur de vingt-quatre ans, qui en est déjà à son dix-septième opéra ! Et toute la musique jaillit là avec une aisance et une limpidité qui laissent pantois. Sérénades, duos et ensembles éclaboussent la comédie de leurs ribambelles de vocalises et de leurs pitreries verbales. Pour autant, le génie de Rossini tient à cet art physique du crescendo, destiné à faire monter la tension, jusqu’à ce que le public trépigne et explose. L’ouverture de l’opéra créé immédiatement la surprise : un tutti nous prévient que le spectacle commence, puis une délicieuse mélodie prend le relai, qui est reprise et enfle jusqu’à éclater… Ainsi, derrière, le rire et les rythmes qui s’agitent, c’est toute l’insolence de la pièce de Beaumarchais que Rossini verse dans son univers loufoque.