Les plus érudits disent de lui qu’il est un artiste transgressif dans le plus pur sens du terme. Les plus réducteurs affirment qu’il n’est rien de moins que le fils spirituel de Kenneth Anger et de John Waters. Les plus pragmatiques l’ont rangé dans la case chef de file du mouvement queercore. Ce qui est sûr c’est que Bruce LaBruce réalise des films à petits budgets truffés de sexe hardcore, de message politique, de violence et de douceur. Ce qui est certain c’est que Bruce LaBruce concasse joyeusement les clichés de la "gay attitude" tout en pratiquant l’autoglorification ironique, qu’il se joue des poncifs du film d’horreur et du mélodrame et qu’il fuit les chapelles artistiques comme la peste. Bruce fâche, irrite, enchante, charme, fascine et surtout entretient le mystère LaBruce.
"The advocate for fagdom" réunit donc une à une les pièces du puzzle. Les témoignages se combinent aux images d’archives rares. Les galeries d’art relayent les extraits de films qui succèdent aux images prises sur le vif sur les plateaux de tournage. Et inversement. Écrivains, cinéastes, galeristes, acteurs, actrices, photographes, producteurs, amis et proches se prêtent au jeu de l’interprétation, de l’analyse ou de la simple anecdote. John Waters, Bruce Benderson, Harmony Korine, Gus Van Sant, Richard Kern, Rick Castro et les autres livrent impressions, théories et aveux. S’esquisse alors le portrait fascinant d’une personnalité singulière aux singuliers talents. Une personnalité complexe en guerre non pas contre le système mais les systèmes. Celle d’un homme qui oscille constamment entre punk attitude et sensibilité extrême.