Dure. La vie est dure. Alors que je morfondais dans mon fauteuil en suédine bleue durant ce morne lundi après-midi dans un ennui des plus complet, ne profitant même pas de mon jour de congé pour me taper l’intégral des oeuvres cinématographiques de Luc Besson pour m’achever dans mon élan de nullité, je décidais de sortir de cette haine profonde envers l’humanité venant sporadiquement au fil des jours en restant dans ce fauteuil devant un bon film. Etant donné que je bouffais justement chinois, je pris la décision de m’abrutir davantage devant un film bondé d’êtres xanthodermes, et cela, même si les étrangers sont nuls (dixit Desproges). Le choix se fit devant moi : D’un côté “ Les chinois à Paris “ orchestré par Jean Yanne, soit “ Adieu ma concubine “ parce que je me suis bien lancé le défi de regarder tous les films avec un “adieu” dedans parce que merde. C’est ainsi que mon coeur pencha pour la même cause que Jean Yanne : l’opéra chinois. Puisque oui, Jean était fan d’opéra chinois (si si, je l’ai entendu chez Bouvard).
C’est l’histoire d’un enfant, il a six doigt. Sa mère péripatéticienne l’abandonne chez un maître de l’Opéra Chinois, il fait le grand écard, il se prend pour une fille, un garçon, une fille, il pisse dans un récipient, il grandit, il joue, il se fait aimer, il grandit encore, il joue, il aime son partenaire de scène et rêve de l’avoir comme partenaire d’autre chose que la morale réprouve. Il apprend le mariage de son ami, il fricote vite fait avec un autre, il joue, les japonais occupent la Chine, il se bat, il se fait juger, il prend un ptit schnock sous son aile, il joue, il bat le ptit schnock devenu grand, il joue, les communistes arrivent, il aime pas la femme de son ami, il joue, les communistes “interrogent” son ami, il joue, les communistes font un barbecue, il joue dans un stade vide, il dégaine l'épée, son ami hurle, fin du film.
Bon, je vais commencer par crever l’abcès comme il se doit. Pourquoi cette note alors que je le recommande ? Tout simplement parce que ça n’est pas du tout le genre de film qui m’attire mais qu’il est fortement recommandable pour ceux qui aiment le genre. Signé par Chen Kaige, réalisateur ô combien célèbre qui nous vient du pays du milieu (L’enfant au violon parmi tant d’autres), on entre dans un film traitant tout un panel de sujet. Que ce soit la cruauté de l’ancienne société où si tu ne faisais pas d’effort dès l’âge de trois mois on t’écartais les jambes comme une grenouille pour que tu puisses imiter Jean- Claude Van Damme, que ce soit l’occupation Japonnaise pendant la seconde guerre, que ce soit l’arrivée du communisme en Chine, ou que ce soit l’homosexualité dans un contexte qui se veut très dur contre celle-ci, le réalisateur nous retrace la vie de deux garçons, du début jusqu’à la fin de leur amitié en quelque sorte.
Je ne doute pas de la qualité du film, l’image est impeccable, le réalisateur joue sur l’intelligence dans de nombreuses scènes (comme celle de l’interrogatoire par exemple), les acteurs sont irréprochables dans leurs rôles, on a le droit à une excellente interprétation de la part de Leslie, la beauté de Gong me donne envie de partager son Li, je sonne pour elle (hihihi), et puis chose utile que j’ai apprise grâce à ce film, c’est que les procès se déroulait dans le même bordel que chez nous. L’histoire entre ces deux garçons qui deviendront comme des frères est parfaitement narré, une relation qui deviendra assez ambiguë et dramatique, Leslie devient la concubine qu’il interprète à longueur de journée, tandis que son partenaire sait, lui, différencier la réalité de la scène. Un amour qui ne va que dans un sens. Et comme le disait si bien George Brassens en musique en reprenant les termes de Louis Aragon : Il n’y a pas d’amour heureux.
“ Adieu ma concubine “ est surtout un bel hommage sur l’opéra chinois, si tant est que l’on y soit sensible. On ne peut pas dire que l’opéra chinois propose à mon oreille les sons et chants les plus harmonieux, et même au bout de 2h40, trois sachets d’aspirine et un hypnotiseur ne viendront pas à bout des sons que j’ai dans le crâne, mais ça c’est personnel. Il y a des choses que j’aime beaucoup, comme le suicide du petit au début du film (je sais dis comme ça, ça paraît bizarre), qui montre que l’ancienne société impose les plus jeunes à devenir grand. Il est rare de voir qu’un gamin, à l’âge de cinq ans, prend conscience tout seul que son cou au bout d’une corde arrête cette grande blague qu’est la vie. Par contre, inculquer à un autre gamin le fait qu’il soit une femme peut le rendre homo … mouais j’en suis pas convaincu et j’en ferai l’expérience avec mon gosse. Ce que je repproche un peu aussi, c’est l’une des dernières scènes. On nous sert une thérapie de couple au coin du barbecue sous le regard communiste de la nouvelle société qui est plutôt affligeante … mais bon, on a la chance de voir Mao au moins (c’est fou, à chaque fois que je vois Mao, je ne peux pas m’empêcher de penser à “ Voyage au bout de l’enfer … MAO ! MAO ! Ahahahahah … ah
Bon Film :)