La femme de mon pote ressemble assez à ce que je m’attendais de voir : une comédie douce-amère pas mauvaise mais assez innocente au bout du compte, où Blier semble presque prendre une petite pause vacance !
Ce qui séduit ici c’est d’abord l’ambiance de montagne, station de sport d’hiver, un contexte plaisant et pas si fréquent au cinéma, et Blier nous en fait bien profiter, s’appuyant aussi sur une jolie photographie et des décors bien utilisés. Rien d’exceptionnel, mais si l’on prend en compte ce travail formel au-dessus de la moyenne de bien des films du réalisateur, et si l’on ajoute une bande son plaisante, dynamique et variée, alors La femme de mon pote est déjà assez attractif, avec en plus une patine rétro aujourd’hui qui ajoute un peu encore à son charme.
Le casting repose sur un trio détonnant. Huppert, Coluche, Lhermitte, voilà qui a de quoi rassurer tout de même ! Huppert est très séduisante, et elle compose un personnage ambigu intéressant. Thierry Lhermitte est égal à lui-même, il joue le mec assez cool, imposant son charme léger sans difficulté et jouant avec une pointe de flegme sympathique. Coluche lui m’a semblé moins dans le coup, et je dois dire qu’après ce que j’ai lu sur lui concernant ce film cela ne m’étonne guère. Il est dans une forme de morosité, de distanciation, qui colle certes à son personnage, mais frôle presque le surjeu. Finalement sa prestation est tellement déconcertante par rapport à celles d’Huppert et de Lhermitte, qui évoluent tout de même franchement dans la comédie, que ça laisse un peu dubitatif, Coluche ayant visiblement pris ce film dans un sens plus dramatique qui m’a rappelé son jeu dans Le Fou de guerre.
Le scénario reste le parent pauvre de ce métrage. Blier ne se force pas trop en nous servant ce trio amoureux qu’il ne matine qu’épisodiquement de sa verve et de sa causticité habituelle. Finalement on frôle presque le vaudeville par moment, et sans être ennuyeux ou agaçant, La Femme de mon pote reste léger sur le plan de l’intrigue, jusqu’à un dénouement qui a tout de la sortie facile. Bref, ça se suit, mais c’est vrai qu’avec un tel casting on était en droit d’espérer un poil plus qu’une intrigue romantico-comique où Blier apporte de temps en temps sa patte.
En somme, La Femme de mon pote n’est pas un moment très ambitieux dans la carrière de Blier, mais c’est un film plaisant. Le réalisateur tient son métrage, et profitant de l’exotisme montagnard, il nous concocte un divertissement populaire sympathique. 3