Abbas Kiarostami fut pendant les années 90, un des cinéastes en activité les plus talentueux. Il réalisa pendant cette décennie six films de premier ordre dont " le goût de la cerise" ( 97) (palme d'or à Cannes.)
Certes, la filmographie du cinéaste iranien est sans doute, encore à ce jour, une des plus accomplies de son pays même si elle est surtout destinée à l'amateur de cinéma d'auteur.
" le goût de la cerise" ne fait pas, malgré son prix prestigieux, exception à la règle, bien que son sujet soie universel et surtout s'adresse à tout le monde.
Réflexion sur la vie elle-même, son prix, son sens, " le goût..." releve des interrogations chères à la philosophie existentielle.
Au travers de l'histoire d'un homme dont on ne saura pas grand-chose, simplement qu'il cherche quelqu'un pour venir l'enterrer une fois son suicide accompli, c'est un regard direct, sans concession en direction de l'existence humaine.
Finalement c'est un film qui met les choses à sa place et qu'il est bon de revoir de temps à autres ( avec " la vie est belle " de Capra), lors d'éventuelles baisses de régime.
A titre formel, ce n'est pas, à mes yeux l'opus le plus accompli de Kiarostami ( il est certes celui qui fera connaître son travail à un plus large public) mais c'est celui que j'aie vu le plus de fois, en raison de la profondeur de son thème.
Porté par son sujet, son point fort, " le goût..." est une réussite , même si la trilogie de Kosker (" mais où est la maison de mon ami?", "et la vie continue", " au travers des oliviers") et " le vent nous emportera" démontrent, à mes yeux, avec plus d'évidence, le talent exceptionnel de son auteur.
Si l'on veut trouver un fil conducteur aux films les plus aboutis de Kiarostami, peut-être " le goût de la cerise " fait il figure de meilleure introduction.