Tout commence avec une flopée d’hélicoptères déversant une pluie d’insecticide dans la nuit de Los Angeles puis Altman nous emmène durant un week-end dans la cité des anges suivre le destin de plusieurs personnages allant d’un pilote qui veut renouer avec sa femme qui vit une aventure avec un flic macho qui trompe la sienne à une peintre qui vit avec un chirurgien ou encore trois amis qui pêchent tranquillement et découvrent un cadavre flottant dans l’eau.
Et Altman maitrise son film choral à merveille. Son montage est très bon, la narration est fluide et il ne nous perd jamais dans les différentes histoires et le destin des divers personnages. Bénéficiant d’une écriture de qualités (il a co-scénarisé) que ce soit au niveau du déroulement ou des personnages, il rend toutes ses petites histoires intéressantes et son film passionnant.
Il n’y a pas vraiment de débuts ni de fin, il met en scène tout ce petit monde qui va s’entrecroiser à travers ces tranches de vies. Chaque histoire aura ses moments et ses sommets d’émotions et d’intensités. Il mêle drame, rire et émotion en abordant des thèmes tels que l’adultère, la solitude, le couple avec ou sans enfants ou encore les rapports entre parents et enfants et ce à tout âge. Plusieurs scènes sont marquantes, Altman reste toujours dans le vrai et, intelligemment et subtilement, rend tour à tour les personnages superficiels, repoussant, attachant et surtout humain alternant les moments de gravités et d’autres plus légers, ici aussi de manière intelligente.
Si « Short Cuts » est tant une réussite, c’est aussi grâce à la superbe direction d’acteurs d’Altman, ils sont tous excellents, de Tom Waits en chauffeur de taxi alcoolique à Robert Downley Jr en jeune maquilleur en passant par la superbe Madeleine Stowe en femme trompée, Tim Robbins en flic macho (rôle qui lui va à merveille !), Andie MacDowell en femme s’inquiétant pour la santé de son fils, Frances McDormand ou Julianne Moore en peintre.
Personnellement peu convaincu par Robert Altman jusque-là (très déçu par « M.A.S.H. » et sans être mauvais, je n’ai rien trouvé de génial à John McCabe et Gosford Park), voilà un film qui me « réconcilie » avec lui, un film choral passionnant durant ses trois heures et bénéficiant d’une superbe réalisation et d’excellentes interprétations.