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    Andreï Roublev
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    Benjamin A
    Benjamin A

    709 abonnés 1 922 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 22 janvier 2015
    Pour son second film après "L'enfance d'Ivan", Andreï Tarkovski met en scène la vie d'un moine et peintre d'icônes dans une Russie du début du XVème siècle troublée par diverses luttes intérieures...

    C'est en un prologue et huit tableaux que Tarkovski construit son film, mettant en avant les pensées et l'errements d'Andreï Roublev dans cette société où violence, trahison et inhumanité font rage. Co-écrivant le film qui est d'une grande justesse et intelligence d'écriture, tant dans les dialogues que les personnages ou le scénario, Andreï Tarkovski laisse le spectateur interpréter ce qu'il voit à l'écran, offre plusieurs réflexions souvent abouties autour de la foi, de la religion, de l'espoir, de la place de l'art mais aussi de l'humain et de la vie, tout simplement.

    "Andreï Roublev" reste une leçon de cinéma et une expérience qui n'est pas prête d'être oublié. D'une puissance et d'une maitrise rare, dont la réflexion et l'atmosphère qui se dégageant de chacun de ses tableaux empêchent tout ennuie malgré son rythme contemplatif. Très vite, le personnage de Roublev devient fascinant et d'un simple regard exprime tout un éventail de pensée et d'émotion. Mais c'est aussi par ses enjeux qu'il le devient, sa vision de la vie et de l'art, sa conception de Dieu et comment il peut/doit le représenter, notamment sous un régime totalitaire, faisant répercussion avec l'URSS dans laquelle Tarkovski a vécu. Un dieu qui finalement n'empêche pas la violence, l'injustice et la cruauté sur terre.

    Bien que braquant sa caméra sur Roublev (bénéficiant de la justesse d'interprétation d'Anatoli Solonitsyne), Tarkovski n'en oublie pas les autres personnages, notamment Boriska dans la dernière partie d'un récit qui se finit de manières aussi fortes qu'inoubliables. Derrière la caméra, Tarkovski offre plusieurs scènes d'une grande richesse et ampleur, sublimé par de magnifiques plans permettant de nous immerger durant trois heures dans la Russie du XVème siècle et dans la vie d'Andreï Roublev.

    Légèrement sceptique avant de commencer, tous les doutes se sont vite dissipés face à l'ampleur et la richesse de cette oeuvre aussi inoubliable qu'intelligente et, en nous faisant suivre l'errements d'Andreï Roublev, évoque l'art, la vie, l'humain ou encore la foi.
     Kurosawa
    Kurosawa

    581 abonnés 1 509 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 2 novembre 2017
    "Andreï Roublev" est un grand film, mais pour des raisons plus intéressantes que celles qui plaident en faveur du style monumental de Tarkovski ou du discours assez prévisible sur le questionnement sur la foi dans un monde dévasté – réflexion traitée de manière plus forte dans "Stalker". L'intérêt majeur du film tient plutôt à une histoire de point de vue, inhérente à la place de la parole et du silence. Après que le peintre ait commis un meurtre et décide de s'isoler en offrant son silence à Dieu, il s'efface en même temps du film, s'éloigne du centre qu'il constituait pour ne devenir qu'un témoin de l'action. Andreï Roublev ne joue pas un rôle prédominant lors de la bataille épique de la ville de Vladimir, ni ne s'oppose aux Tatars lorsque Durochka s'offre à eux, ni ne prend part à la construction de la cloche mais se contente d'observer le jeune Boriska. Si Roublev n'agit pas, c'est qu'il remet en cause ses discours initiaux sur l'ignorance des hommes et l'omnipotence de Dieu et, qu'en se mêlant à la société, il prend acte des vices et d'une misère insauvable. Malgré le pessimisme de Tarkovski, le dernier moment du film imagine une place pour la création dans un monde – la Russie – où domine la tyrannie. Dans le chaos, l'homme peut s'épanouir en se consacrant à son art : peindre les icônes moins pour le pouvoir qui les brûle que dans l'idée de les avoir fait exister, d'avoir laissé une trace, même temporaire, de la beauté dans le monde.
    Arthur Debussy
    Arthur Debussy

    154 abonnés 693 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 15 mai 2012
    Film long et dense, «Andrei Roublev» est une expérience cinématographique à lui seul : la gestion du temps par Andrei Tarkovski (incomparable) est telle que le spectateur se retouve engourdi et happé dans une épopée rude et puissante. Plusieurs visionnages s'avèrent en effet nécessaires pour appréhender au mieux la richesse de ce chef-d'oeuvre auquel le génial cinéaste russe semble s'être livré corps et âme. Quelqu'un disait qu'ici « Andrei filme Andrei », l'évidence est flagrante tant le parcours heurté du moine Roublev fait écho à la situation de Tarkovski, lui aussi s'interrogeant à propos de son Art et de Dieu, devant faire face à l'adversité (soviétique) et ayant besoin de se reconstruire dans la foi en Dieu, en l'Homme et en lui-même. L'aspect visuel du film est quant à lui impressionnant, dans la lignée des Dovjenko et autres imposants cinéastes soviétiques : les personnages évoluent dans des paysages saisissants et des villes meurtries, éclairés par un noir et blanc tantôt crépusculaire tantôt lumineux. Pour finir, les précédentes critiques des allocinéens étant fort éloquentes, je n'ai pas grand chose à ajouter sinon que cette oeuvre est de celles qui vous marquent par la force de la vision d'un artiste, l'ambiance âpre et dure qui s'en dégage et surtout la beauté des éléments filmés. [4/4] http://artetpoiesis.blogspot.fr/
    Spiriel
    Spiriel

    37 abonnés 318 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 mars 2009
    Oeuvre clée de Tarkovsky en ce qu'elle définit l'Artiste selon le cinéaste (celui qui recherche l'harmonie dans le chaos, qui tend vers l'infini, qui s'interroge sur son rapport au monde, aux gens...). Il pose la problématique centrale des 5 films à suivre. Contrairement à ces 5 films, Andrei Roublev, bien que très élaboré dans sa mise en scène (des mouvements d'appareil sont majestueux), incroyablement dense thématiquement, long et exigent pour le specateur, ressemble encore à peu près au cinéma tel qu'on le conçoit habituellement. C'est pour cette raison qu'il est le film du réalisateur que les critiques préfèrent, et le plus étudié. Refus artistique du compromis, remise en question des dogmes, rôle de l'argent et du pouvoir, jalousie, nécessité d'user de son Art... les thèmes pullulent et bénéficient d'un traitement fort subtil et puissant. Le dernier chapitre, "La cloche", est probablement le plus grandiose. Ce jeune homme, qui a vu son père refuser de lui transmettre son savoir dans la mort, décide d'entreprendre quelque chose dont il est a priori incapable, par foi en lui-même. Malgré les pressions insensées, il ne cède pas un pouce de son exigence à tous les niveaux, ne se montre jamais conciliant envers le prince, et fait preuve d'une assurance terrible dans chacun de ses choix. Alors que le résultat se révèle probant, il cesse d'être Artiste et redevient humain, s'écroule et pleure, relachant toute la terreur qu'il a écarté pendant qu'il travaillait. Emu, Roublev décide de sortir de son mutisme et va peindre en résonnance avec l'oppression, ce qui va donner les dernières minutes en couleur, qui montrent quelques oeuvres du peintre. A noter que Tarkovsky film les chevaux avec une virtuosité que seul Kurosawa a pu égaler.
    In Ciné Veritas
    In Ciné Veritas

    89 abonnés 922 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 12 décembre 2017
    Andreï Roublev (1966) est le deuxième long-métrage réalisé par Andreï Tarkovski après L’enfance d’Ivan, un premier essai très remarqué quatre ans plus tôt. L’ambition démesurée qui anime cette œuvre cinématographique installera définitivement le cinéaste russe parmi les très grands maîtres du 7ème art. Critique complète sur incineveritasblog.wordpress.com
    Anaxagore
    Anaxagore

    125 abonnés 135 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 29 septembre 2006
    «Andreï Roublev» de Tarkovski est une manifestation de l'âme russe, qui illustre comment l'art peut être un instrument de résistance à l'oppression. Le réalisateur y évoque, plutôt qu'il ne la raconte, la vie du célèbre peintre russe à l'intersection du XIVème et du XVème siècle, alors que la Russie était occupée par les Tatars. Il nous montre plus précisément par ce biais comment le peuple russe a résisté à l'oppression mongole et a préservé sa foi et son identité chrétiennes en dépit du paganisme des envahisseurs, notamment au moyen de la création artistique. Il l'illustre non seulement avec l'exemple de Roublev mais aussi avec celui d'un jeune fondeur de cloches. Cependant, lorsqu'on sait que le film a été tourné à la fin des années 60, dans l'ex-URSS, on ne peut pas ne pas regarder le film lui-même à la fois comme un acte et comme une métaphore de la résistance de l'âme russe à la tyrannie soviétique. Brejnev, qui eut les honneurs d'une projection privée, ne s'y trompa d'ailleurs pas. Il quitta ostensiblement la salle en pleine projection. On en vient à se demander comment le film put échapper à la destruction pure et simple. Celle-ci n'eut pas lieu; et pour notre plus grand bonheur, car «Andreï Roublev» est une pure splendeur! Quant à sa forme, le film de Tarkovski juxtapose un certain nombre de tableaux évocateurs selon un rythme délibérément lent et contemplatif qui progresse jusqu'à l'épilogue fabuleux, profondément émouvant, (filmé en couleur alors que tout ce qui le précède est dessiné dans un noir et blanc magnifique) en forme d'hommage au grand peintre. Méditation profonde sur la religion, le pouvoir, l'art et le sacré, «Andreï Roublev» est un chef-d'oeuvre absolu, une pièce maîtresse et l'un des vingt plus beaux films de l'histoire du cinéma mondial.
    NeoLain
    NeoLain

    4 942 abonnés 4 741 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 7 mars 2014
    Deuxième long-métrage de Tarkovski, le génie russe. Il hausse son niveau sur tous les rapports. Qu'est donc le personnage central de film ? Andreï Roublev, un peintre qui durant le long de son périple se sentira de plus en plus terrasser tout comme sa foi pour Dieu par le chaos qu'il perçoit et ressent dans une Russie en guerre. Bien sûr cela ne s'arrête pas que là, Roublev est d'une grande profondeur qui en fait un des plus grands films de tous les temps. Il y à aussi des passages comme l'invasion des Tatars. Que dire du jeune enfant, fondeur de cloche. Souffrance, violence et espoir. C'est ce que vous aussi traverserez sur un terrain rude et unique. Gardera t-il sa passion ? Le final nous en dit long.
    bidulle3
    bidulle3

    66 abonnés 335 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 29 novembre 2011
    Moine, Andreï Roublev est aussi peintre d'icône, ces talents pour cet art lui devront l'honneur d'être appelé pour décoré l'église de Vladimir a Moscou, mais l'envahissement et le massacre des Tartares lui feront commettre un acte meurtrier, depuis, Andreï cherche le pardon en se muant.
    Première scène, premier choc, un homme vole dans les air avec une montgolfière puis s'écrase contre le sol, et voici qu'apparaît un cheval à la place ...
    Andreï Tarkovski laisse toute liberté au spectateur, la libre pensé de chacun car sans réponse réel, on sait que l'on viens déjà d'assisté à une scène de génie. Film violent, il se déroule en 10 chapitre, tous aussi grandiose les uns que les autres, ce cheminement pourrais rappelé un chemin de croix. Anatoli Solonitsyme incarne Andreï Roublev, plus que ça même, il vie en lui, et a travers son parcours découvre le monde tel qu'il est, mettant à rude épreuve sa croyance et ses conviction religieuse, car si cet oeuvre est pieuse, elle est aussi une réflexion. L'amour de Dieu est il le seul qui doit existé ? Aimé est il un acte plus qu'un sentiment ? Doit on aimé une femme et lui faire l'amour ? c'est a travers ceci qu'Andreï devra se frotté dans une séquence absolument sublime de cruauté, voguant dans une barque, la tête baissé, évitant le regard pour voir la monstruosité humaine. Car en effet, le cinéaste russe montre l'Homme comme un animal tel des chiens, sans foi ni loi en contradiction avec l'église. La soif de pouvoir, la force du plus fort, l'abaissement des femmes et des pauvres, au yeux vu du moine, en quoi Dieu est il liée a tout ça ? Pourquoi ne fait il rien, lui pour qui certains pense grande force ... Au delà d'une déchirure de l'humanité, "Andreï Roublev" touche le spectateur au plus près, le confrontant au regard des personnes, des regards lourds et tristes donnant bien plus de parole que des dialogue, on ne peut se défaire des ses yeux apeuré et incompris. Et que dire des paysages lugubre rempli de bout mis en parallèle avec ceux enneigé ou encore d'une ville mis a feu et a sang violenté a l'intérieur d'un monument de culte.
    Sans arrêt, Andreï Tarkovski nuance la foi des homme pieu avec les actes de ceux qui ne crois en rien, la vision de Roublev face a celle des barbares, nous questionnant directement sur la présence d'un réel Dieu. Finalement, le réalisateur montre uniquement la vérité. Réalisé en 1966, mais nous replongeant au XV siècle, il démontre que l'Homme, depuis toujours, fut identique. Mais encore plus que tout cela, si "Andreï Roublev" est si particulier, c'est grâce au style si particulier de son auteur, Tarkovski signe un film peu bavard, avec une virtuosité exemplaire, chaque plan est incroyable, chaque image montre quelque chose de nouveau dans un noir et blanc magnifique, encore aujourd'hui, le film atteint une grande puissance. Une oeuvre aussi puissante que touchante, une musique faible qui ressemble à des cris de femme, des mouvement de caméra d'une grande maîtrise, Andreï Tarkovski touche tout simplement la perfection. Le glas de la cloche sonne l'heure du génie, le chemin prend fin et dans une ultime scène en couleur, on comprend alors tout, frissonnant et magnifique, "Andreî Roublev" est un chef d'oeuvre d'une immense fascination.
    Kiwi98
    Kiwi98

    261 abonnés 238 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 24 décembre 2014
    Le second film du célèbre réalisateur russe Andrei Tarkovski "Andrei Roublev" reconstitue sept fragments de la vie du personnage dont il porte le nom, un moine peintre d'icônes russe pendant de XVeme siècle. Des fragments brutes, romancés, pour reconstituer cette époustouflante épopée monochrome réalisée pour seulement un million de roubles (équivalent : environ cent mille euros

    Le Russie médiévale y est décrite comme froide, instable, pleine d'ombre, de villages sinistres et d'un brouillard aveuglant. Peuplée en général de pauvres paysans vulnérables face aux tatares qui ravagent tout sur leur passage. Chaque épisode de la vie de Roublev aide à définir son identité, sa personnalité, lâche comme quand il va détourner le regard alors qu'une femme qui la veille lui avait sauvé la vie se fait malmener, héros quand il tue un attaquant qui allait violer une handicapée mentale, ou bien son observation silencieuse de la fabrication d'une cloche d'église détenue par un jeune homme qui ne sait pas cacher ses mensonges. Tarkovski ne cherche pas à aboutir à une structure narrative qui pourrait mettre de l'ordre dans le tumulte, le drame est filtré par une conscience subjective, l'image comme le son symbolisent les tournants intérieurs de Roublev. Le film pénètre des les émotions humaines, le mensonge, la trahison, la foi aveugle, la valeur de la spiritualité. Son atmosphère est totalement glaciale (la scène ou Roublev espionne des gens nus), son esthétique irréprochable alliant émotion et plan grandiose, notamment la première séquence vertigineuse ou un homme s'envole sur un ballon d'aire chaud et le final ou le film passe à la couleur de la façon la plus poétique qui soit présentant les vrais oeuvres de l'artiste quasiment aussi forte que le final de "2001" qui lui ressemble beaucoup.

    A sa sortie le film sera censuré, passant de 210 à 186 minutes à cause de ses thématiques religieuses et politiques mais aussi la violence de certaine scène.

    Une oeuvre brute, languissante mais rarement ennuyeuse, objet fascinant et perturbant, claque esthétique marquante. Un film sur un artiste, fait par un artiste.
    Yves G.
    Yves G.

    1 455 abonnés 3 482 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 29 juin 2013
    J'ai fini par aller voir Andreï Roublev, histoire de parfaire ma culture cinématographique - et de préparer mon odyssée en terre slave.
    Au bout de trois heures, je suis ressorti groggy par tant d'obscure beauté.
    Tarkovsky retrace en dix tableaux le parcours torturé de l'iconographe médiéval, perdu dans les affres de la création.
    On ne sait presque rien de la vie du vrai Andreï Roublev. Cette page blanche a laissé toute liberté à Andreï Tarkovsky pour écrire une œuvre très autobiographique originellement intitulé "La passion selon Andreï"
    Pourquoi créer dans un monde chaotique ? Quel sens l'art donne-t-il à la vie ? L'artiste peut-il défier Dieu ?
    Autant de questions iconoclastes pour le réalisme soviétique.
    On comprend que Brejnev ait quitté la salle avant la fin du film. Mais l'histoire ne dit pas si c'était un geste uniquement politique ou la manifestation d'une immense incompréhension devant un chef d'œuvre intimidant.
    Ti Nou
    Ti Nou

    491 abonnés 3 491 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 24 août 2010
    Balayant en trois heures des thèmes plus passionnants les uns que les autres en les mettant tous en relation avec l'art, Tarkovski signe un chef-d'œuvre, certes moins accessible que "L'enfance d'Ivan" mais tout aussi émouvant.
    scorsesejunior54
    scorsesejunior54

    151 abonnés 694 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 25 septembre 2009
    Malgré son titre, "Andrei Roublev" n'est pas une biographie. "Quel lieu commun" allez-vous me dire, "une façon de dire c'est plus complexe que cela" sans argumenter... Hé non, ce que réalisa le grand Andrei Arsetevitch Tarkovski en 1969 n'a pas grand-chose à voir avec un biopic, le personnage principal étant en fait juste prétexte à un cadre historique particulier et à l'analyse (passionnante) d'une Russie révolue (?). En fait, ces trois heures servent à mettre en avant plusieurs choses, à commencer dans un premier temps par la place occupée par la religion dans la société Russe d'alors. Question identitaire essentielle pour un Etat aujourd'hui encore formé de peuples cosmopolites et qui amène donc invariablement à faire un parallèle avec la situation contemporaine. On y parlera ensuite de spiritualité, cette fois-ci au sens plus philosophique que sociologique avant de tenter une approche des rapports entre l'art et les ressources économiques (eh oui, déjà à cette époque !). Et puis viendra l'aspect plus historique (avec un grand H) et l'invasion des tatars sans oublier pour conclure l'exposition de tourments intérieurs pour un artiste torturé qui a péché et tente de se racheter une âme, tant auprès des hommes que de Dieu. Et Roublev dans tout ça ? Il sert de fil conducteur, basta. Seules les dernières minutes (des images essentiellement tirées de la célebrissime "Trinité") lui rendront hommage. Le deuxième film de Tarkosvki est probablement son plus ambitieux, son plus mégalomane, le plus dingue, empreint de passages esthétiquement sublimes et d'envolées poétiques inégalables. Bien sûr, il est touffu et pourra en repousser quelques-uns. Critiquable aussi dans ses choix de personnages au cours de la seconde partie. N'empêche, on en prend plein la gueule pendant trois heures et l'on ne peut s'empêcher de penser le film une fois fini que l'ami Andrei avait beaucoup de choses pour lui. Intelligence, grande maîtrise technique et poésie le caractérisaient si bien...
    Kloden
    Kloden

    125 abonnés 997 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 6 mai 2015
    Cultivant beaucoup moins le doute que Stalker, son cinquième long-métrage, Andreï Roublev était déjà pour Andreï Tarkovski l'occasion de livrer sur son art et sur l'art en général une vision assurée après seulement deux long-métrages. Si ce second essai cultive bien plus de certitudes, c'est qu'il se dessine comme un long passage, par l'intermédiaire d'une biographie mêlée de ficiton de l'iconographe médiéval Andreï Roublev, vers l'accomplissement d'un artiste et sa compréhension de la raison d'être de sa vocation. Malgré la destruction permanente qui s'opère dans un monde ravagé par la guerre et les affres de la nature humaine, Roublev achève son voyage spirituel non pas par une renonciation à l'art, un art dont seraient indignes ces hommes si impies et faibles, mais finit au contraire par embrasser la Foi en la peinture comme le moyen de transcender les limites humaines. L'art est vu comme le seul moyen de communion avec la sphère spirituelle et transcendante, la seule manière d'accéder aux cieux, bien loin des artifices mécaniques (le "ballon" du début de film) qui finissent inexorablement par chuter au sol malgré une élévation provisoire. Tout est fait pour rappeler la persistance de l'entreprise artistique et fusionner pleinement avec le propos, de la construction en tableaux jusqu'aux plans finaux sur les icônes peintes par Roublev, qui adoptent soudainement la couleur, comme pour signifier que cinq siècles plus tard, ces icônes sont toujours accessibles, que l'art immuable a traversé les siècles intact dans sa beauté comme dans sa capacité à nous faire voir plus grand. Les images de Tarkovski sont d'ailleurs sublimes, les peintures semblant s'animer comme dans un mouvement d'incarnation divine ou spirituelle seulement possible par leur biais. Tout ça rentre pleinement en résonance avec cette dimension intangible que ce deuxième long-métrage s'est une nouvelle fois donné, celle d'un quelque chose de panthéiste qui rend toute image et toute scène bien plus riche. Il y a bien sûr, comme toujours chez Tarkovski, la fusion des éléments, la communion céleste venue de la pluie, le grand mouvement du fleuve symbolisant le charriage incessant des choses vivantes comme des choses inertes vers un seul estuaire, vers l'immensité. Je trouve ça sidérant, comme ça, de pouvoir symboliser dans un mouvement horizontal le passage petites choses vers un océan, presque de l'immanent vers le transcendant, comme en écho au propos du film et au pont qu'il suppose entre ce monde prosaïque et une hypothétique (mais quand c'est suggéré avec tant de force, on a vraiment envie d'y croire) réalité supérieure. Je n'oublie pas non plus la clarté laiteuse de l'image, comme embaumée. Le panthéisme parait alors pouvoir se penser non seulement comme l'incarnation divine en un tout, signifié par la Nature, mais aussi bien comme cette même incarnation dans chaque partie, chaque objet que la conscience humaine tend à dissocier du tout dans son essence. Cet éclairage nappant, au final, laisse l'intangible s'infiltrer partout, quelque soit la vision adoptée sur le Monde. Car la spiritualité, quelque forme qu'elle prenne, est au fond l'expression d'un même mouvement, cette tendance qui est à la conscience ce que l'instinct est à la vie. Et à cela, un film aussi vivant et riche qu'Andreï Roublev n'est nullement incompatible car jamais dogmatique, jamais trop représentatif. C'est un film incroyablement vivant, qui existe avec une force purement existentielle. Le seul bémol que je lui poserais, c'est une tendance de Tarkovski à parfois privilégier la parole à l'image, alors que son sens artistique en la matière est presque sans équivalent. Mais quand il s'agit d'en venir à parler d'un tel génie, cette réticence personnelle n'est justement qu'à prendre comme telle, et surtout pas comme une critique qui prétendrait pointer un défaut absolu du long-métrage. Andreï Roublev est un grand film, sans doute le plus grand que j'ai vu sur le rapport entre l'Homme, son art et la spiritualité. Du pur Tarkovski.
    ClashDoherty
    ClashDoherty

    228 abonnés 838 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 11 juin 2007
    Tout simplement majestueux, rien d'autre à dire. Même si le russe est un peu 'hard' à entendre, il faut voir ce film dans sa version originale...
    chrischambers86
    chrischambers86

    13 668 abonnés 12 406 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 23 février 2010
    D'un profond mysticisme, "Andreï Roublev" est sans aucun doute un grand film qu'on en ressort èpuisè...et grandi, l'un des plus riches autant par sa forme que par son contenu! il èvoque la vie d'un peintre d'icône qui vècut en Russie au XVe siècle, à une èpoque troublèe par des luttes intèrieures et la menace constante d'invasions que faisaient peser sur la Russie les Mongols et les Tartares! Le film de Tarkovski n'est ni une oeuvre biographique ni un documentaire! Ce n'est pas non plus une fresque historique, mais un film qui sait intègrer les èvènements historiques dans son rècit et qui, grâce à la profondeur et à la complexitè de ses thèmes, et à la façon dont il les traite, fait sans arrêt jouer le relatif et l'absolu, montrant à travers les problèmes de l'èpoque les grands conflits de toujours! "Andreï Roublev" nous montre aussi la terre, le peuple, les mystère de la vie, qui se rattachent directement au travail artistique! Le film utilise pour cela tous les moyens de l'immigration, de la fantaisie, mais aussi du rèalisme et de la poèsie! La magie de certaines images (cette montgolfière qui retombe sur le sol) force le respect! Tarkovski a su imprègner toute son oeuvre d'un lyrisme qui se situe dans la grande tradition du cinèma soviètique pour une fresque grandiose, traversè par un souffle, une èlevation spirituelle et une exigence plastique assez exceptionnel...
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