Un chef d'œuvre absolu. Le film de Tarkovski évoque la vie du peintre d'icônes du début du 15ème siècle, son itinéraire physique et spirituel, qui constitue la genèse de ses œuvres ; s'étendant sur 24 ans, il est construit en huit parties, portant chacune sa thématique. Cette construction évoque les polyptyques du moyen âge constitués d'une juxtaposition de panneaux. Chaque partie a son intérêt propre, mais les correspondances entre ces différentes parties se révèlent au fur et à mesure de l'avancement du film, pour lui donner une cohérence globale parfaite.
C'est un film philosophique, qui comporte quelques propos de cet ordre, mais qui fait surtout ressentir les thèmes abordés. Thèmes fondamentaux s'il en est : le rôle de l'artiste dans une société, la liberté de l'artiste par rapport au pouvoir et aux commanditaires, les différentes formes d’oppression, les fondements de la foi, le rôle de l'église, la coexistence du bien et du mal, la nature de l’humanité...
C'est aussi un film mystique, sur une terre et sur une âme ; la terre Russe, d'où émerge symboliquement la cloche qui rendra hommage à Dieu ; l'âme Russe, dont le film est imprégné.
Le film est long (la version diffusée en salle, comme celle disponible en DVD, fait 3 heures 02), ample, posé, majestueux. Son esthétique génère un émerveillement constant, sa richesse est inépuisable, sa symbolique d'une puissance rare, et les moments de poésie semblent touchés par la grâce.
Tout est parfait, voire magique, comme ce dernier plan de l'épilogue, rappelant celui du prologue, qui dit tout à la fois la beauté du monde et l'éternité du propos.