Je ne connais pas bien Cimino, c'est le troisième film que je vois de lui (après Deer Hunter et le Canardeur) et j'ai beaucoup aimé. Alors certes le film a ses défauts, notamment sa longueur ce qui malheureusement nuit au peu rythme alors qu'il reste vraiment très bon.
En fait j'ai aimé les personnages, notamment la relation entre Rourke et Ariane et Rourke et sa femme, pour moi c'est des vrais moments de pur plaisir de les voir s'aimer et se déchirer en même temps... de voir Rourke en sorte de macho viril, égoïste mais qui tente de rester droit dans ses bottes, trop même, totalement perdu entre sa femme et la jolie chinoise.
L'histoire en elle-même est assez basique, une lutte contre les triades à Chinatown, mais ça se fait sur un fond de racisme, et surtout avec des personnages réellement attachants parce que leurs réactions, leur comportement sont ô combien réalistes. Pour une fois dans le cinéma ricain je n'avais pas l'impression de voir un truc surécrit sur les rapports de couple, avec des grandes phrases bateaux, mais ça passe par des regards, par de la violence, par le fait de ne pas savoir comment se comporter quand on aime, que l'on est énervé... que l'on est triste. Et ça Cimino le sublime ! J'aime ce rien que pour ça. Et il y a cette scène sublime où Rourke propose à sa femme de laisser faire le temps (un truc comme ça) pour voir ce que donne leur relation, ce à quoi la femme répond qu'elle n'a plus le temps, qu'elle a 35 ans, qu'elle va sur ses 40 et qu'elle n'a plus le temps... Je trouve ça tellement beau comme phrase, rappelant la dure réalité, on ne peut pas gâcher sa vie à attendre, attendre l'autre... un jour on se retrouve vieille, moche, ridée, ménopausée... impossible alors d'avoir un enfant.
Mais ce que j'ai beaucoup aimé au début c'est tout le discours sur le multiculturalisme, où l'Amérique, pays d'immigration par excellence se retrouve confronté à une communauté qui ne veut pas se fondre dans le modèle américain sous prétexte qu'il aurait des traditions (de racket et d’extorsion) depuis des millénaires... Sauf qu'ici c'est l'Amérique et qu'en Amérique on ne fait pas n'importe quoi.
Parce que finalement réussir à parler de cette réalité, où contrairement à ce que l'on peut entendre partout dans les médias, le multiculturalisme n'est pas une "chance", où le multiculturalisme est violent, où les gens issus d'une même culture restent enfermés entre eux, s'affranchissent des lois, des règles... et ils ne peuvent plus réellement être arrêtés, ni la police, ni l’État ne peuvent plus rien faire.
C'est donc un film qui préfère montrer la réalité, sale, ambigüe que le regard d'une femme peu adoucir l'espace d'un sourire.