Si son titre US semble flairer un peu l'opportunisme pour tenter de récolter des miettes du succès du "Open Water" de Chris Kentis sorti 3 ans plus tôt; "Adrift", ou "Dérive Mortelle" en français (ça passe déjà beaucoup mieux) ne doit pas pour autant faire croire à une de ces pauvres resucées direct-to-video que sont en général les films arborant ce genre de titre. C'est un bon thriller comme on aime en voir l'été, avec une bande de jeunes adultes (dont certains parents d'une petite qu'ils ont la malencontreuse idée d'emmener à bord) qui, ayant décidé de passer un bon moment ensemble sur un voilier de luxe alors qu'ils ne se sont plus revus depuis des années, commettent une petite erreur que n'importe qui aurait pu faire, mais qui va s'avérer avoir des conséquences qui les marqueront pour le reste de leur vie.
Si le film utilise comme tant d'autres l'élément aquatique comme moteur des frissons (voire de la peur) qu'il génère, l'originalité est ici qu'il n'est pas question de squales mangeurs d'hommes, mais simplement du danger que constitue l'océan en lui-même, et de l'angoisse de ne plus pouvoir se réfugier à terre ni à bord, en étant donc livré à la fatigue, les crampes, l'hypothermie, et tout simplement à la panique de se savoir livré à soi-même, au beau mileu d'un océan, avec des kilomètres d'abîme aquatique sous ses pieds. Cette panique, le réalisateur nous la fait ressentir avec brio, à coups de règlements de comptes de jeunes gens découragés et épuisés qui cèdent naturellement à la crise de nerfs, mais aussi de ces appels déchirants par le baby-phone resté à proximité du nourrisson dont la vie commence elle aussi à être en danger.
Les personnages sont bien campés, tout à fait crédibles, quoiqu'en disent certains (des vacanciers hâtés de prendre du bon temps sont plus à même de faire preuve de naïveté et d'étourderie...), le pitch simple et bien vu (basé sur une histoire vraie, paraît-il, on a de la peine pour eux si c'est vraiment le cas), et la réalisation efficace pour ce type de film (il faut aimer bien sûr l'océan et un certain balancement de la caméra dû aux vagues, c'est comme ça ce genre de film, ceux qui voulaient des vue en hélicoptère à 150m du sol pour mieux filmer des monstres géants qui détruisent une ville, passez votre chemin), et l'horreur psychologique fait son effet, sans surenchère d'effets spéciaux ni de dents aiguisées comme des lames de rasoir. La tension très palpable pendant tout le film (sorti de la scène d'exposition) ne retombe qu'à la toute fin, pour un dénouement globalement heureux, compte tenu de la situation des jeunes gens, mais qui n'arrive hélas pas sans que l'océan n'aie clamé son quota de victimes.
Pour un réalisateur débutant, Hans Horn montre qu'il dispose déjà de l'essentiel de la maîtrise pour tenir en haleine sur une heure et demie (il n'était guère possible de faire plus long avec un pitch comme celui-ci, et la tension qui règne dans le film n'incitait de toute façon pas à plus), et on passe un bon moment... surtout à la toute fin du film, lorsque les muscles crispés se reposent. A voir en VO de préférence, la VF n'ayant pas bénéficié tout à fait du même soin dont font l'objet les grosses productions hollywoodiennes.