Adapté du roman de Walter Scott, ''Ivanhoé'' est un film réalisé par Richard Thorpe, mettant en vedette Robert Taylor, Elizabeth Taylor, Joan Fontaine et George Sanders. Il est considéré par de nombreux cinéphiles comme un film majeur de cape et d'épée, genre dans lequel excelle la MGM. Pourtant, force est de constater que le film a pris un sacré coup de vieux.
L'intrigue se déroule au XIIème durant la troisième croisade. Ivanhoé, de retour de Terre Sainte retrouve une Angleterre aux mains du tyrannique prince Jean. Dans ce climat extrêmement tendu où se déchire Normands, Saxons et Juifs, Ivanhoé cherche à réunir la rançon de 150 000 marks d'argent que réclame Léopold V d'Autriche, lequel retient en otage Richard Coeur-de-Lion.
''Ivanhoé'' : typiquement le genre de film qui plait (ou non) selon le degré de nostalgie que l'on a pour le vieil Hollywood. On peut en effet délirer sur la beauté du Technicolor, sur la beauté des acteurs, sur la beauté des décors et tout ce qui va avec. On peut toujours regretter cette folle artificialité qui fit les beaux jours d' Hollywood. Mais tout ceci est réversible. Le charme désuet auquel on aurait pu s'attendre n'est pas souvent présent. Alors oui, il y a bien des qualités : comme celle d'aborder tout l'aspect politique. Ici, le peuple saxon est à l'agonie face à la puissance des Normands. Ainsi, Richard Thorpe aborde bien toute la rivalité qui oppose ces deux peuples. La conquête de l'Angleterre par les Normands n'étant vieille que d'un siècle, la rancoeur est toujours présente chez les Saxons. Autre qualité : un superbe duel final entre Ivanhoé et de Bois-Guilbert. Mais ces qualités-là ne dissimulent pas les défauts d' ''Ivanhoé''. Le film a mal vieilli sur plusieurs points. D'abord sur le plan technique. Il n'y a qu'à voir cette scène ridicule où les Saxons à cheval sont attaqués par les Normands (chorégraphie niveau CM2 avec épées en plastoc). Ou encore ces paquets (et non nuées) de flèches qui s'écrasent contre le château. Ensuite vient la caractérisation des personnages. L'un des clichés les plus énervant est celui du héros parfait. Et ça ne rate pas ici. Ivanhoé est héroïque, Ivanhoé est beau, Ivanhoé est loyal, Ivanhoé n'est pas un lâche, Ivanhoé est un grand combattant... Trop c'est trop ! Mais les autres personnages ne sont pas en reste. Béates d'admiration devant ce si graaand Ivanhoé, Joan Fontaine et Elizabeth Taylor n'ont rien à défendre. Le comble du ridicule est atteint quand Elizabeth Taylor récite sa tirade aux vilains pas beaux méchants. Un autre défaut, récurrent du cinéma hollywoodien de ces années-là est de se faire trop insistant dans ces effets (l'utilisation parfois abusive de musique en est un bon exemple). C'est le cas de cette scène où Thorpe surligne beaucoup trop la sainteté du personnage, tant dans sa tirade (écoeurante d'héroïsme et de fidélité) que dans son costume (évidemment, Liz Taylor est tout en blanc). Des acteurs, c'est finalement George Sanders qui l'emporte avec un rôle vaguement moins unilatéral que tous les autres protagonistes. Tout cela aboutit au défaut principal : l'atmosphère du film. Il y a certes de belles couleurs mais, sur le fond, le film est creux, ce qui finit par déteindre sur la forme. Le film est enrubanné d'un glacis très figé. A cause du jeu beaucoup trop monolythique des héros (la palme revient à Robert Taylor, degré zéro de l'expression), le film s'enferme dans une nette rigidité. Rigidité que ne vient hélas pas démentir le prolifique Richard Thorpe, à la mise en scène simplement illustrative .
''Ivanhoé'' est un film qui a mal traversé la difficile épreuve du temps. C'est un film sans âme et sans une once d'originalité. Et qu'est-ce qui est sorti la même année ? ''Scaramouche'' de George Sidney. Bien que les deux films ne se situent pas à la même époque, ce sont tous les deux des films de cape et d'épée. Mais là où l'éblouissant ''Scaramouche'' ne cesse d'être inventif, malicieux et trépidant, ''Ivanhoé'' se pose en œuvre de musée extrêmement sage. Un film pour antiquaire.