Une fois encore les traducteurs de titre n’ont pas fait le choix le plus heureux. La guerre engagée est DE Charlie Wilson. C’est lui qui en voit l’importance, qui en cherche les financements, qui la gagne. Mais cette guerre n’est pas tout à fait SELON lui. Car pour la gagner, il lui aura fallu chercher des bailleurs de fonds et d’armes qui ne correspondent pas à ses préférences (Moudjahiddine, Extrême droite américaine, pouvoir totalitaire Pakistanais). Certains sont même antinomiques (Juifs, musulmans, protestants militants). Ce n’est qu’au prix d’innombrables contorsions diplomatiques, de gesticulations argumentatives, et de compromis de toutes sortes qu’il parviendra à en faire mesurer l’importance stratégique à l’administration en place et finalement la gagner. En partie, car le but ultime n’était pas la victoire, mais l’après victoire. Sous un vernis d’humour et de légèreté, le film de Mike Nichols en dit plus long qu’il n’en a l’air. Les horreurs de la guerre mais aussi sa banalisation comme un jeu ne sont pas occultés. Les faux semblants et l’hypocrisie des protagonistes sont précisément circonscrits. Israéliens, Egyptiens, Américains, Pakistanais, tout le monde y prend pour son grade. L’antiaméricanisme si profondément encré en France est d’autant plus difficile à comprendre que nos amis ricains pratiquent constamment et avec brio cet exercice pour lequel nous sommes totalement infirme : l’auto dérision, et la satire de nos errances en politique extérieure. Vu la rapidité des dialogues et l’abondance des bons mots, il est recommandé à ceux qui ne sont pas totalement bilingues de voir le film dans sa version française. Se concentrer sur la lecture des sous-titres empêcherait de savourer les remarquables performances de Hoffman et de Hanks entre autres.