Bon, je me serai peut-être laissé tenter par une rétrospective Pialat, que je vais peut-être tenter quand même, mais je dois dire que ce premier métrage, A nos amours, que je vois de lui, ne m’a pas enthousiasmé.
Pour ma part c’est clairement sur le fond que le film souffre. La narration est dégingandée, la gestion temporelle est une catastrophe (il semble que le temps passe entre le début et la fin du film, mais on ne s’en rend pas du tout compte), et en fait on a le sentiment d’arriver à la fin du film sans avoir rien vu ! Des amours (même d’un soir) de l’héroïne, c’est tout sous-entendu ou presque, des relations entre les personnages là aussi c’est bourrelé d’implicite pas du tout saisissables pour certains, ce qui débouche naturellement sur des séquences aux limites du compréhensible. Le film est par ailleurs très redondant, et s’enlise dans la seconde partie dans des séries de disputes sans intérêt le plus souvent, dont on ne comprend pas franchement tous les tenants et les aboutissants. Franchement j’y ai cru au début, je me suis dit que c’était assez prometteur, mais dans les faits c’est plus que limite.
Malgré cela on pourra quand même se rabattre sur les acteurs, bons, mais malheureusement comme dit dotés de personnages aux évolutions plutôt chaotiques, aux réactions pas toujours bien crédibles, et qui trop souvent versent dans la caricature (Evelyne Ker est souvent en surjeu). Malgré cela un Pialat qui visiblement savait ce qu’il voulait de son personnage et une Sandrine Bonnaire très convaincante et subtile sauvent la mise.
Sur la forme Pialat se montre d’une grande sobriété. Cinéaste de l’authentique, à la fois dans le bon et le mauvais sens du terme, son film a parfois des allures documentaires, avec une mise en scène des plus sobres et dépouillées, peu de variantes dans les cadrages (peu de gros plans notamment), qui peinent du coup un peu à saisir les émotions des acteurs qui nous sont souvent distants. Décors, photographie sont assez neutres, mais verse parfois vers l’austérité bien naturelle de la réalité brute, tandis que la bande son étonne. Pourquoi chercher l’authentique dans l’image et mettre de la musique classique, fort belle certes, mais peu en phase avec cette authenticité du quotidien ? Pas compris.
Enfin pour ma part A nos amours est un petit film sans grand intérêt, plutôt longuet, dispersé, où l’on ne sent curieusement que trop rarement l’authenticité de la vérité, et qui manque cruellement d’enjeux et même de subtilité. Je donne 1.5, avec un bonus pour Pialat acteur et Bonnaire, pour quelques belles scènes éparses, mais pour le reste…