Film qui a révélé au niveau national Maurice Pialat, "A nos amours" parle d'une jeune adolescente de 16 ans, Suzanne (Sandrine Bonnaire) qui découvre qu'elle est incapable d'aimer, et qu'elle préfère fricoter avec d'autres garçons que de rester fidèle. A lire le synopsis, on pourrait croire assister à un film d'Eric Rohmer, avec ses personnages aux sentiments qui viennent et qui repartent. D'ailleurs, les dix premières minutes du film ont un petit arrière goût de "Pauline à la plage", avec ses couleurs estivales, son petit bal populaire ou les liaisons se font, etc... Le fait est que nous ne sommes pas devant un Rohmer, mais bel et bien devant un Pialat. En outre, ces humeurs sentimentales vagabondes s'orientent très rapidement vers la famille. Une famille folle, dérangeante, "dégueulasse" pourrait-on dire tant on est mal à l'aise devant ces scènes familiales. Un frère qui bat la sœur sans concessions pour la simple et bonne raison que la mère devient folle suite aux absences répétées de sa fille, fille qui d'ailleurs est complètement paumée dans sa vie. Le seul élément catalyseur, qui agît comme étant la figure du destinateur, concerne le père, joué par Pialat lui-même, qui, à chacune de ses apparitions, vient rétablir "l'ordre" auprès de sa famille en dérive. Je dirai que ces séquences constituent le summum du film tant ces scènes sont incroyables de réalisme. Mais ce qui fait la force du film avant tout, ce sont ces séquences familiales dans lesquelles Pialat ne lésine pas à cacher des éléments. Il filme le malsain, le dérangeant sans concessions. Toutefois, je n'ai pas trop accroché aux arcs scénaristiques amoureux concernant le personnage de Suzanne (chose qui rempli la moitié du film). Je dirai que, si Pialat s'était concentré sur chaque membre de la famille, ça aurait pu donner un long-métrage vraiment fantastique subjectivement parlant (car, objectivement, "A nos amours" est de très grande qualité). Disons que les amourettes et les états d'âmes de Suzanne ne m'ont pas branché plus que ça. C'est d'ailleurs ce qui m'a plombé mon plaisir, hélas, ces aventures que le personnage principal a avec tous ces gars. Je trouve qu'on en fait vite le tour et qu'il y avait mieux à dire, mais bon, ça ne regarde que moi. "A nos amours" demeure un bon film, à la technique originale cherchant à capturer le réalisme le plus sincère. Pialat effectue un nouveau tour de force. Dommage qu'on fasse vite le tour de l'intrigue amoureuse.