Evidemment, le succès du premier "Saw" (réalisé par James Wan) a été traduit par la production comme quoi le public en redemandait. Ben tiens, bien sûr qu’on en redemande ! C’est normal, après tout ! Car même si la chute de l’histoire était géniale et inattendue, on restait tout de même sur notre faim ! En effet, ensorcelés que nous étions par l’ambiance glauque, mystérieuse et inquiétante de ce film, de bonnes questions allaient hanter nos esprits : qui est l’instigateur de ces jeux ? Qui était ce grand bonhomme déguisé en cadavre ? En refermant la porte derrière lui, il a déclaré que le jeu était terminé, mais est-ce vraiment lui qui est derrière tout ça ? Nous avons tellement cru que le cerveau de cette macabre affaire était Zepp… qu’il nous était impossible de deviner que ce dernier n’était rien d’autre qu’un maillon de la chaîne du voyage vers les enfers (ou de la rédemption, c’est selon le point de vue…), un voyage dont le mode opératoire est d’un machiavélisme rarement vu. Une grosse part de mystère allait donc rester autour du responsable de cette affaire, jusqu’à l'apparence physique du grand bonhomme que nous n’avions qu’à peine entrevue à la fin de "Saw" quand il s'est relevé. C’est donc avec une certaine frénésie que nous abordons cette suite donnée un peu plus sanguinaire, signée Darren Lynn Bousman en lieu et place de James Wan. Le changement de réalisateur a de quoi nous faire craindre que la mise en boîte soit moins maîtrisée. Et en fait non. Dès les premières secondes, nous sommes rassurés (enfin si j’ose dire !) car nous plongeons tout de suite dans une atmosphère inquiétante grâce au trio composé par les décors et accessoires (ampoule nue), la bande originale, et la bande son (bruit de respiration). Et nous ne quitterons plus cette espèce de stress addictif jusqu’à la fin, bien que la bascule se fasse régulièrement entre les prisonniers mis à l’épreuve et l’enquête. Une enquête que nous suivons avec beaucoup d’intérêt, menée par la charmante et néanmoins charismatique Dina Meyer en Kerry (grande spécialiste de Jigsaw), et par un Donnie Wahlberg très inspiré par cet inspecteur à la fois blasé et piqué au plus profond de son être. Du côté des victimes, le processus de réflexion est moins mis en avant (normal après tout, du fait qu’ils sont en prise avec une situation qu’ils ne maîtrisent pas du tout) alors que les indices laissés par celui qu’on appelle désormais Jigsaw sont particulièrement précis, énoncés par des mots rigoureusement choisis… Un exemple ? "Les chiffres sont gravés quelque part dans vos têtes". Cela paraît tellement simple et si évident, quand on sait… Certaines transitions d’une scène à une autre sont faites comme s’il n’y avait pas de coupure, ce qui nous permet de passer d’un décor à un autre sur un seul et même plan par un glissement de caméra, technique déjà maîtrisée par James Wan lors du premier film. En fait, le style est si proche entre les deux réalisateurs que si on ne prête pas attention au listing de l’équipe technique, on peut aisément croire que c’est James Wan qui a lui-même rempilé pour ce deuxième numéro du Tueur au puzzle. Cependant la grande différence avec "Saw" réside en le fait que Jigsaw, brillamment interprété par Tobin Bell, est cette fois le pivot central de toute cette affaire. Muni d’un regard à l’inébranlable assurance, cet acteur fait preuve d’un charisme rarement vu, ce qui lui permet d’avoir une présence folle, et émerveille le spectateur de son intelligence (certes macabre) tant sa connaissance de l’être humain (aussi bien physique que psychologique) est poussée à son extrême, expliquée en partie par sa propre histoire. Il est remarquable de voir à quel point il peut tout prévoir jusque dans les moindres détails. Et une fois de plus, on ne voit guère arriver le twist final, lequel revêt d’une importance capitale certaines répliques du premier opus ! Et puis… raaa, c’est énervant parce que nous sommes condamnés à regarder la suite pour connaître le sort de sa nouvelle victime ! La partie est loin d'être terminée...