Comme dans le sport de haut niveau, la performance et la concurrence dans l’entreprise sont érigées en valeur de base. Comme à la mi-temps d’un match ou après une défaite, si un salarié n’est pas performant, son manager a le droit d’utiliser la violence verbale et physique et son lot de pressions, humiliations, intimidations et menaces pour qu’il se reprenne avant d’être remplacé un chômeur. Le rêve de l’ultra-libéralisme, déjà en vigueur dans les pays anglo-saxons, où la politique d’insécurité professionnelle et sociale, avec sa multitude de contrats précaires, a pour but de pousser les salariés à donner le meilleur d’eux-mêmes, chaque jour, chaque heure, chaque minute sous peine de prendre la porte. La tension s’accumule lors de scènes sportives intenses et spectaculaires qu’il s’agisse de squash, de golf, de canyoning, véritables exutoires exacerbant la perversité d’un chef tyrannique, les souffrances endurées par les salariés pressurisés, une course à la promotion révélant les personnalités des uns et des autres (ont-ils un autre choix ?). Le séminaire, organisé pour resserrer les liens et unir l’équipe, se transforme en un tragique règlement de compte où laisser mourir un concurrent paraît la meilleure des vengeances. N'est-ce pas le fantasme de dizaines de milliers de salariés... A noter qu’Eric Savin joue, le même rôle de patron impitoyable que dans «Les heures souterraines », et que Jérémie Rénier aime figurer dans des films dénonçant la brutalité des rapports humains en entreprise (« Violence des échanges en milieu tempéré »).