L'histoire d'un gars super bobo dans un quartier populaire, macintosh, écolo, architecte dans le vent et tout, qui va comprendre tout d'un coup certaines choses sur lui-même en poursuivant son voleur.
Jude Law Juliette Binoche = envie irrésistible d'aller au cinéma, surtout après 3 semaines d'exils dans une lointaine et inintérressante campagne française. On est dans une banlieue londonienne un peu craignos (mais avec un look branché que l'on ne peut trouver en France !) avec deux très beaux visages du cinéma mondial. Enfin, n'oublions pas Penn qui gagne en profondeur ce que sa beauté perd en facilité.
Au début, c'est un peu confus, beaucoup de problèmes de famille, de boulot, de besoin de bien faire, sans avoir le temps ou les moyens de contenter tout le monde. On se trouve devant ces quelques idéalistes ancré dans le libéralisme tout en essayant de se donner la beauté du geste humain, envers les habitants de Londres, comme d'une simple femme de ménage immigrée. C'est un peu notre génération de trentenaire bobos, la réussite véritable et les risques en plus.
On se laisse balader entre plusieurs mondes, plusieurs personnages, et le montage, la caméra, l'incertitude et l'incompréhension du dénouement aidant, cela reste modérément captivant pour un film "d'amour".
Puis vient la confrontation du "beau" couple, et là on est impressionné puisque tout bascule très vite, et pas forcément du côté que l'on pensait.
L'immigration est une chance pour beaucoup de politiciens et de chef de chantier, mais c'est encore un film qui montre que dans 80% des cas, elle fait tellement de dégats collatéraux qu'il vaut mieux y réfléchir à deux fois plutôt que de quitter son pays pour de mauvaises raisons.
Après Tautou en turque, voici Binoche en Serbe, on peut sourire, mais ce n'est pas trop mal fait.
Et puis, le scénario et la caméra sont suffisament accrocheur pour que l'on oublie beaucoup de facilités allant de concert avec beaucoup de réalisme.
Le vrai problème, ce sont tous ces adultes qui essayent de faire le bien, histoire un peu difficile à avaler par les temps qui courrent, mais après tout, le réalisateur nous sort du personnage haut de gamme, qui réfléchit avant d'agir. Même chez les voleurs. C'est peut-être la faiblesse du film avec le dénouement, poignant, mais un peu tiré par les cheveux. Mais comme le mélodrame est bien amené, on ne peut renier d'avoir été captivé pendant 2 heures en très bonne compagnie.
Il faut aussi noter ces seconds rôles savoureux, dont la pute à la voiture, extra.
Et aussi que la seule scène d'amour est très rapidement et joliment floutée, tandis que les scènes impitoyables sont très "nettes". On sent que ce film a été longuement réfléchi.
Et si le bon cinéma c'était ce beau dernier plan, d'une masse informe et floue de centaines de silhouettes, cadrer et faire la mise au point sur trois ou quatre personnes seulement, essayer de préciser leurs intérêts, leurs contradictions et leurs limites, mais aussi leur folies. Ce sont ces quelques petits détails qui montrent qu'il s'agit du film d'un homme mûr qui aime son métier et les gens, quitte à se faire plaisir par certaines petites invraisemblances, mais le bonheur est partagé et c'est déjà beaucoup.