Un sentiment mitigé à la sortie de ce film. Le problème est que plusieurs thématiques sont abordées et qu'aucune n'est vraiment traitée à fond : drame sociale, drame familial, histoire d'amour, délinquance, immigation...Au final cela fait un peu fourre-tout. L'évocation de deux mondes bien distincts qui essaient de se mélanger volontairement ou involontairement mais qui n'y arrivent pas, même si ces quelques moments vont, malgré tout changer leur vie. Anthony Minghella nous avait habitué à nous délecter de beaux mélos lyriques et romanesques (Le patient anglais, Cold mountain), des films d'époque et en costumes. Le retour au présent ne lui a pas forcement réussi.
Passés outre ces quelques défauts, on est surtout pris par l'interprétation. Jude Law a rarement été aussi bon. Emprisonné dans un physique avantageux qui le dessert plutôt sur le plan artistique, il se sort à merveille de ce rôle prenant, entre un père de famille qui s'éloigne de sa femme et de sa fille autiste, ses problèmes de travail, et son histoire d'amour naissante avec Amira. Comme le dit le réalisateur "puni quelque part à cause de son physique. Les choses devraient être plus faciles pour lui en vieillissant, quand cette beauté brillante s'atténuera et laissera voir ce qu'il est vraiment. Sydney Pollack (producteur du film), mon associé, a travaillé huit ou neuf fois avec Robert Redford, et j'aimerais bien que Jude soit mon Redford. C'est un excellent acteur, complexe et particulier." Robin Wright Penn dans le rôle de sa femme, est excellente, juste, discrète, dommage qu'on ne la voit pas plus souvent à l'écran. Le jeune Rafi Gavron est aussi très bien alors que c'est son premier film. Naturellement celle qui irradie et illumine le film de sa présence c'est Juliette Binoche. Comme d'habitude, n'en déplaise aux grincheux, elle est parfaite, mais cela commence à devenir un pléonasme. Très touchée par le scénario, elle s'est beaucoup impliquée pour préparer son rôle. Un vrai bonheur. Trop rare !