Amis des tibias en béton, de la résilience par la baston et du creepy show, bonsoir !
Avant d'être le poète incompris que l'on sait, Jean-Claude Vandamme a fait parler son corps dans des chefs-d'œuvre de série B ou Z parfois inoubliables comme "Bloodsport".
Parlons aujourd'hui de Kickboxer, qui est à JCVD ce que Rocky IV est à Stallone, et qui me pose un sacré problème de conscience.
Je me souviens avoir maté ce film dans un cinéma de quartier : pour 25 francs, tu pouvais voir deux films : ou bien un film érotique et un film d'action ou bien 2 films d'action. J'étais tout jeune, je n'ai donc pas connu la volupté aux Canaries, et me suis rabattu sur Annihilator et Kickboxer.
Je peux vous dire, deux films, c'est long quand des gars vous pissent dessus du balcon ou vous balancent leurs cannettes de bière presque vides.
Et puis soudain, Jean-Claude, l'étalon belge dans toute sa splendeur, est entré en scène. Charisme fou, le Keanu Reeves des arts martiaux toi-même tu sais.
L'histoire : le frère de Jean-Claude est champion du monde de kickboxing. Au passage, la ressemblance entre les deux frères n'est pas très évidente, mais bon, personne dans la vie ne choisit sa moustache, l'important c'est d'écouter son coiffeur.
Bref, ce frère va en Thaïlande pour affronter Tang Po, un combattant local hyper fort pour lui montrer que l'Amérique ça cogne fort. Au passage, le Tang Po ressemble autant à un Thaïlandais que les Avengers à du Desplechin (même si je verrais bien Mathieu Amalric en Wolverine).
Mais bon, Tang Po, il a beau avoir une couette qui doit lui fouetter le visage à tout bout de champ, il massacre le frérot de Jean-Claude et même lui réduit la colonne vertébrale façon puzzle. À mon avis, l'organisateur du combat, c'est pas Don King, parce qu'il balance direct le frère mourant à la rue.
Bon, le frère survit mais est devenu paraplégique et Jean-Claude a soif de vengeance. Il va nous faire une sorte de Karaté Kid pour adultes, sauf que s'il ne maîtrise pas le coup du héron, il devient surtout surtout le héros du coup de tibia.
Avec des scènes-cultes en veux-tu en voilà :
Celle où il pète un arbre à coups de tibia lorsque son vieux maître le chauffe sur son frère aurait dû lui valoir un Oscar ; celle où il danse, le Kamel Ouali Award.
Mais parlons un peu de son vieux maître : quand on y réfléchit, je me demande s'il enseignait plus le kickboxing ou le BDSM : parce que pour forcer des grands écarts à base de shibari, provoquer des bastons parce que Jean-Claude est Lost in Translation ou encore, comme on l'a dit, faire péter des tibias à coups d'arbres ou l'inverse, il est parfait. Il ne lui manque qu'un site bien foutu pour se faire un nom dans le milieu. Ou bien pense-t-il que la résilience par d'abord par une thérapie sur le corps plutôt qu'en dégoisant sur un divan. Je ne me prononcerais pas : le freudisme en Thaïlande, c'est pas ma spécialité.
A présent, gros gros Nota Bene : je ne veux pas parler de la love affaire de JCVD qui se fait battre et violer par les vilains, parce que même si j'avais 10 ans quand j'ai vu le film, je me suis dit que le traitement de la situation était très très désinvolte... (Je mets des points de suspension parce que franchement...)
Autre gros Nota Bene : le frère vit très bien son handicap.
À croire que dans ce film, les personnages ne sont que des marchepieds pour le déploiement de la grandeur de Jean-Claude.
Bon, on va essayer de revenir au film, même si c'est désormais gênant de continuer. Jean-Claude est très fort, il se transforme en Nastuko/Natsukaw, il gagne à mains nues. Fin.
Moralité du film : la résilience, c'est pour Jean-Claude pas pour son entourage physiquement brisé et outragé.
Je mets donc 0 étoile à mon grand regret, parce qu'en sortant du cinéma de quartier, je me suis dit que le bière et la pisse qu'on m'avait balancées dessus avaient meilleur goût.