Opus peu aimé du public, ( absence de vedette, registre de l'espionnage au lieu du film criminel, fin retenue différente de celle voulue par le cinéaste ?) " Topaz" ou " l'étau " en français recèle pourtant de nombreuses qualités.
Il est même (selon moi) un des titres les plus injustement sous côtés de Hitchcock ( avec notamment " le rideau déchiré")
Tiré d'un roman de L. Ulris, on a ici affaire à l' adaptation d'un événement s'étant réellement déroulé ( transfuge soviétique, réseau pro russe dans l'hexagone, crise des missiles à Cuba et première défection d'un agent français pour le compte des usa dans les années 60).
Il peut aussi être vu à un second niveau : celui de l'importance du lien, ( ici tout le monde ou presque, trahit. Trahison du lien avec sa patrie, trahison mutuelle au sein du couple).
En multipliant les exemples de trahisons, Hitchcock fait en creux apparaître l'existence invisible et pourtant fondamentale du lien dans l'existence humaine. Pour le rompre, comme dans "l'étau", il faut bien qu'il existe.
Ce que semble nous dire le cinéaste, c'est que la seule issue pour trouver un équilibre, peut-être même la seule possibilité du bonheur, c'est la qualité, la fiabilité réciproque du lien. On ne saura pas si Hitchcock ne se parlait pas finalement à lui-même.
Les premières 90 minutes sont ( selon moi) les plus réussies de ce titre qui perd parfois en intensité dans certaines scènes, lorsque l'action se déroule en France.
Malheureusement le film fut coupé au montage ainsi que la fin, bien meilleure, voulue par le metteur en scène ( elle est aujourd'hui facilement accessible)
On remarque au casting la présence de plusieurs acteurs français ( Piccoli, Dany Robin, Michel Subor, Claude Jade et Philippe Noiret) peut-être sorte de clin d'œil à la nouvelle vague du cinéma hexagonal ( l'étau date de 1969) de la part d'un cinéaste déjà vieillissant.
Frédéric Stafford acteur autrichien ( il interpréta le rôle de OSS 117) fût critiqué sévèrement pour son interprétation, qui mettra fin à un projet de carrière de premier ordre.
Il est vrai qu'il a une belle prestance ( sportif de haut niveau, il participa aux JO de Londres de 1948 dans les épreuves de natation) mais on peut regretter son jeu sec, figé et surtout trop uniforme.
Henry Verneuil traitera le même sujet ( le transfuge soviétique ) certes à sa manière, dans " le serpent", quelques années plus tard.
Pour la petite histoire on notera que Frédéric Stafford et Dany Robin, decederont tous deux de façons accidentelles. Le premier dans un accident d'avion, la seconde dans l'incendie de son logement.