J'ai vu un film... sur ce que Anna Harendt appelait la banalité du mal... Eh oui, Hitler et toute sa clique étaient presque des gens comme les autres, presque attachants, et pouvaient même faire de la peine... Mais finalement ce que ce film montre bien, c'est que c'étaient des psychopathes endoctrinés ayant perdu tout lien avec la réalité, la morale et leur humanité... Bruno Ganz est absolument remarquable en un "Tonton Adolf" pour certains, en un "Fürher adoré" pour d'autres, ou en "Fou à lier" (j"ai longuement hésité car j'aurai bien essayé "Fou allié", mais ça faisait pas trop sérieux...). Il réussit le tour de force de dominer son sujet, et de ne pas trop laisser transparaître un personnage affable, mais plutôt inquiétant, délirant et paranoïaque. Le parti-pris de ce film et son traitement "réaliste" montre bien que le sens moral de toutes ces personnes, et même leur principe d'attachement à des valeurs tenues en haute estime ne tenaient plus face à l'arrivée des armées soviétiques... On assiste à une "Apocalypse Now", façon agonie germanique, à une atmosphère de fin du monde (enfin de fin -heureusement- d'un monde). Sodome et Gomorrhe façon Berlin... Et maintenant, concernant spécifiquement la fin du dictateur, je trouve que le réalisateur aurait dû le livrer au regard du public, car après tout, bien que les témoins ont témoignés, et que le film a sans doute été écrit à partir de ces témoignages, il eut été sans doute fort de le voir face à la mort, et en l'occurrence à sa propre mort, et/ou celle d'Eva Braun (Juliane Köhler, actrice tout aussi remarquable....).
Autre point qui m'a qq peu "indigné", c'est le système de narration qui reprend le témoignage de la secrétaire personnelle d'Adolf Hitler, bien âgée, 60 ans après la guerre qui mise toute ses "erreurs" sur sa jeunesse... Pourtant en Allemagne, des mouvements de résistance -"La rose Blanche"- composés de jeunes gens -dont beaucoup ont été arrêtés, déportés, fusillés- se sont opposés à ce régime barbare qui supprimait les juifs, les homosexuels, les handicapés, les tsiganes... De sa part, donc, aucune demande pardon... Et c'est peut-être ce qui manque dans ce film finalement.