Nicolas Winding Refn, période danoise. Je ne connais pas plus que ça, je me garderais donc de comparaison. Cela écrit, « Bleeder » est un bon cru qui, très loin d'attendre (logiquement) la maestria formelle de ses (sa, écriront ses détracteurs) réussites hollywoodiennes, garde une vraie identité, que ce soit par sa dimension très cinéphile qu'un récit de gangsters à la fois banal et singulier, notamment dû à l'identité des personnages, se divisant clairement en deux catégories : les fous de septième art et les « bad guys », bien que le cinoche les réunisse (du moins les protagonistes masculins). Pas d'envolée exceptionnelle, mais une œuvre simple, plutôt économe en dialogues mais sonnant juste, que ce soit les échanges presque « tarantinesques » sur les films
(ne serait-ce que pour l'interminable liste de réalisateurs énoncés par Mads Mikkelsen pour entendre le client lui demander du porno, ce « débat » sur qui est le plus fort entre Steven Seagal et Fred Williamson, cette prise de tête entre les deux vendeurs dont l'un reproche à l'autre de ne penser qu'aux films ou cette incroyable escapade dans une gigantesque librairie, l'œuvre vaut le détour)
ou cette relation touchante qu'entretienne
Lenny et Léa, maladroite et par « petites touches »
, « Bleeder » fonctionne. La violence n'est jamais gratuite, permettant au contraire d'avancer dans l'action, notamment l'antagonisme grandissant entre Léo et Louis jusqu'au point de non-retour
(la vengeance au « VIH » du second s'avérant particulièrement marquante)
. Bonne interprétation générale : Mikkelsen, donc, le toujours excellent Kim Bodnia ou encore la séduisante Liv Corfixen, rendant très touchante cette jeune femme éprise de littérature. Bref, si je ne savais pas trop à quoi m'attendre au vu de mon affection très irrégulière pour la filmographie de NWR, la surprise fut plutôt bonne, aussi bien pour ce cri d'amour au cinéma (faire de cette vidéothèque formidablement filmée un décor à part entière est une brillante idée) que cette dimension humaine souvent tragique : à (re)découvrir, donc.