C'est un rituel bien précis, chaque fin de semaine, Vincent, François et Paul, tous trois la cinquantaine, se retrouvent à la campagne avec d'autres, notamment le jeune boxeur Jean, pour boire, manger ou encore discuter.
Claude Sautet nous donne tout simplement l'impression d'être avec eux, et ce tout le long du film. Il met en scène ce trio d'amis plutôt bourgeois mais connaissant les mêmes problèmes que la majorité des humains, recherchant le bonheur mais ne se posant pas forcément les bonnes questions, ayant des problèmes de fric, d'amour, de couple ou d'inspiration, bref les aléas de la vie. Il met en avant la vie et l'humain, la fragilité de ceux-ci et les moments de doutes, de questionnements et d'hésitation, avec plus ou moins de gravité dans les enjeux, mais aussi quelques moments de joies, sachant alterner entre les tons.
Alors qu'il met, entre autres, en avant un certain égoïsme, voire même cruauté dans ce milieu bourgeois, Sautet jette tout de même un regard très attendrissant envers eux, les rendant attachants et arrivant à nous immerger dans leur vie pour nous faire passer par tout un panel d'émotion. Il va les confronter aux doutes et divers échecs mais toujours avec l'amitié et l'unité comme bases et repères. C'est avec émotion, mais surtout justesse et intelligence qu'il met en scène cette peinture de vie, sachant nous faire vivre le quotidien des personnages et donner l'impression d'être l'un des leurs. Il trouve toujours le bon équilibre entre les tons, sachant passer de chaleureux repas collectifs à des moments plus intimistes où les problèmes ressurgissent. Il donne de la puissance à son oeuvre, sachant rendre de nombreux passages marquants tout en utilisant très bien la belle musique de Philippe Sarde.
Les images sont toujours justement et bien choisies tandis que Claude Sautet joue surtout sur les gestes, regards et non-dits des personnages, l'émotion passe par les visages plus que par les mots, à l'image de la solitude de Piccoli ou du malheur de Montand. Il met bien en avant la sensation du temps qui passe et qui fait payer la moindre erreur, tout comme un aspect mélancolique qui se fond dans l'amosphère. Derrière la caméra il sait se faire sobre tout en usant de quelques trouvailles et idées ingénieuses comme pour certains ralentis tandis qu'il capte à merveille le contexte de l'époque et du récit, tant dans les moeurs que dans sa façon de filmer la campagne ou la ville, participant pleinement à l'immersion. Et enfin, la réussite de Vincent, François, Paul et les autres tient dans les acteurs où le fabuleux trio composé de Michel Piccoli, Yves Montand et Serge Reggiani doit affronter la cinquantaine et plusieurs problèmes personnels, tandis que le jeune Depardieu s'imposait déjà et montre tout son charisme dans le rôle d'un boxeur amateur.
Bref, c'est au coeur d'une bourgeoisie en crise que Claude Sautet livre une touchante, intense et douce fresque sur la vie, ses aléas, moments de bonheur ou malheur, questionnements et où les personnages devront faire face à une bien difficile adversité.