"Shrek le troisième" se démarque par son ambition de continuer à étendre un univers bien-aimé, tout en prenant des risques qui ne se matérialisent pas toujours avec succès. À l'instar de ses prédécesseurs, le film brille par ses références culturelles intelligentes et son humour subtil, mais il s'essouffle dans une trame narrative qui semble par moments trop chargée et manquant de la fraîcheur qui avait caractérisé les premiers opus.
Sur le plan technique, le film reste une réussite. L'animation est fluide, détaillée, et les personnages sont toujours aussi expressifs, ce qui est un testament au savoir-faire de DreamWorks Animation. La musique de Harry Gregson-Williams complète harmonieusement l'action, bien qu'elle ne marque pas les esprits comme dans les films antérieurs.
L'histoire de ce troisième chapitre tente d'explorer des thèmes plus matures tels que la responsabilité et la parentalité, à travers le prisme de Shrek qui doit faire face à l'imminence de devenir père. Cependant, la multitude de sous-intrigues et de nouveaux personnages, comme Arthur et Merlin, dilue parfois l'impact émotionnel du récit principal. Le film réussit à instiller des moments de réflexion personnelle pour Shrek, mais ces instants sont souvent éclipsés par des rebondissements comiques ou des scènes d'action.
Les nouveaux venus dans le casting vocal, tels que Justin Timberlake (Arthur) et Eric Idle (Merlin), offrent des performances solides, mais leurs personnages ne sont pas suffisamment développés pour marquer de manière indélébile l'esprit du spectateur. D'un autre côté, les méchants de contes de fées, bien que divertissants, s'avèrent être des antagonistes assez unidimensionnels, ce qui affaiblit l'enjeu global du film.
Ce troisième volet peine à équilibrer le ton entre les scènes destinées aux enfants et celles qui semblent viser un public plus âgé. Ce déséquilibre rend le film parfois incohérent, oscillant entre des tentatives d'humour sophistiqué et des gags visuels prévisibles. Malgré cela, "Shrek le troisième" possède des moments de brillance qui rappellent pourquoi la franchise a initialement captivé un large public. Des scènes comme la rébellion des princesses offrent un renversement rafraîchissant des stéréotypes de conte de fées, montrant que même dans ses moments les moins réussis, le film cherche à subvertir les attentes.
En résumé, "Shrek le troisième" est une œuvre qui, tout en essayant de bâtir sur les fondations de ses prédécesseurs, ne parvient pas tout à fait à capturer l'essence magique qui avait rendu les premiers films si spéciaux. C'est un divertissement correct, qui aurait pu bénéficier d'un scénario plus concentré et d'un développement plus poussé de ses nouveaux personnages. Un chapitre divertissant, certes, mais qui ne se hisse pas à la hauteur des attentes élevées posées par ses prédécesseurs.